Etrange, ce laxisme du savoir humain qui n’invente pas de
noms pour les différents sens d’un même mot. Prenons un exemple. Le rêve est
aussi bien ce qu’on voit en dormant que ce qu’on souhaite en étant
physiologiquement réveillé.
N’allons pas vers les explications freudiennes,
fussent-elles non plagiées pour faire vivre un peu de leurs rêves à ceux qui décrient
l’ordre établi et le gardiennent. A bien y penser, l’affranchissement ne libère
pas. Se conformer à l’ordre établi est le choix du confort d’éviter l’anathème.
Pourtant, l’anathème n’est pas plus insupportable que la peur de le recevoir,
tout comme les lauriers ne sont pas plus euphorisants que la gloire qu’ils
symbolisent. Sinon, il y a l’or. Brillant pour ne pas voir ce qui orne sa tête
ou pour faire envie aux autres. Faire envie est efficace pour faire oublier
qu’on vous dédaigne.
Dans ces pays musulmans, le ridicule tue. Pour détourner les
yeux de son accaparation de la rente pétrolière, le pouvoir feint d’aligner la
femme sur sa congénère du Nord. La femme pense s’aligner sur sa congénère du
Nord et va travailler car la rente pétrolière ne lui bénéficie pas. Au final,
elle a le rythme de vie quotidien de l’homme tout en gardant celui de la femme traditionnelle.
Elle a peur de le crier et lui de le reconnaître.
Des femmes poussent leurs études jusqu’au bout, pour devenir
femmes au foyer juste après. Dans ce schéma, l’avis des détracteurs de
l’instruction de la femme, tout régressif qu’il soit, devient discutable ou logique.
Pourquoi toutes ces études pour tenir un foyer de propagation de
tradition ? Après tout, les meilleurs artisans se mettent très jeunes aux
métiers qu’ils vont à leur tour transmettre. Autant produire tôt, par procréations,
dont l’une est réconfortée par la puberté qui n’est pas un hasard.
Certains
disent que l’instruction de la femme prépare de meilleures générations. Or, les
générations issues de femmes non instruites ont mieux donné. Puis, a-t-on
besoin d’un doctorat d’Etat pour s’occuper de son foyer ? Je plaide
l’instruction de la femme, sans limite, et je suis pour qu’elle accède à tous
les postes, sans exception, mais je dis qu’il y a malaise, contradiction. Il
y a la fatalité, bien sûr, commode mektoub. Possible que Dieu l’ait proposée à
ces croyants-là pour récompenser, à minima, leur foi en lui.
En ce huit mars, la rose ne peut plus faner, syndiquée d’artifice
et humée de niaiserie, pour tenir un an. Heureusement que la rose bleue
n’existe pas dans la nature, elle dispenserait les rêveurs de regarder le bleu
du ciel et de la mer. Heureusement que l’Histoire n’est écrite que par les
gagnants, elle réconforterait le défaitisme. L’Histoire ne s’enseigne pas pour promouvoir
un maximum de personnes. Elle s’enseigne pour repérer les garants de sa
continuité.
Et au milieu de cette cohue, il y a une femme. Une femme qui
sort travailler pour aider son mari. Qui ne lui demande pas de l’aider aux
tâches ménagères, non pas parce qu’elle ne se sent pas interpellée mais parce
qu’elle ne veut pas l’humilier, qu’il ait tort ou raison de se sentir l’être.
Une femme qui essaie de trouver le chemin entre un Occident et un Orient
respectivement essoufflés par l’argent et par l’honneur. Qui voudrait s’arrêter
et y réfléchir mais qui est rattrapée par l’industrie sociale que le printemps
ne révolutionne pas. Qui est étouffée par la tribu oisive de ne plus travailler
sa terre. Qui est épuisée par la métropole que le silence « rurbanise » d’insanité. A cette femme-là, je dis merci.