L’éventualité
d’une toute prochaine frappe contre la
Syrie ravive les tensions
entre Arabes. Je n’aimerais pas que la
Syrie devienne un autre Irak. Le massacre du 21 août 2013, à
Damas, a définitivement fait passer ce conflit de l’atrocité à l’horreur. Même
si les auteurs de cette attaque aux armes chimiques n’ont pas encore été clairement
identifiés, je ne perds pas de vue que c’est le régime de Bachar el-Assad qui a
rendu cela possible. Qu’on arrête de l’applaudir, 97,62 % de « oui » truqués
s’en sont chargés en 2007 et ses stars se courbent devant lui autant qu’elles se
dressent sur scène.
Il a accédé
au pouvoir à 35 ans (en 2000), après un abracadabrantesque amendement de la Constitution qui en exigeait
40. A
son investiture, il a promis une ouverture démocratique sur laquelle il s’est
rétracté trois ans plus tard. Il a emprisonné et torturé des opposants, bien
avant le Printemps arabe, et il continue à le faire. Il a interdit la
messagerie instantanée et l’accès à Facebook et à Youtube, avant de les
rétablir pour repérer et surveiller les opposants. Il a réprimé les pacifiques manifestations
du 15 mars 2011 et d’après. Il a sacrifié quelques corrompus pour en épargner la
plupart. Il s’est maintenu après avoir envisagé de céder sa place. Il a
bombardé ou incendié des villes et des villages. On dira que les djihadistes
tuent aussi. Oui mais s’il avait agi autrement depuis son accès au pouvoir ou aux
débuts de la révolte, le changement se serait engagé dans la paix. Vite ou
lentement mais dans la paix. Aucun djihadiste ne serait allé en Syrie.
Je pense
toujours qu’el-Assad est moins mauvais gestionnaire que les islamistes.
Cependant, quoi qu’il arrive, il est le premier responsable de cette tragédie.
Des plus de 100 000 morts, des 2 millions de déplacés et des 4 millions de
sous-alimentés. Il sera également responsable de ce qui arrivera aux révoltés s’il
gagne. Si les Etats-Unis décident de frapper la Syrie , ils le feront, que
les preuves d’utilisation d’armes chimiques soient établies ou temporaires. La Russie laisserait faire, avec
son veto en faveur du marché syrien d’armes et d’autres. Bachar el-Assad songerait
alors à fuir quelque part, en laissant derrière lui un peuple martyrisé et divisé.
Son peuple. Il survolerait des ruines autrefois patrimoine mondial, en
emportant son propre patrimoine autrefois patrimoine des Syriens.
Hichem Achi