Les élections locales ont eu lieu ce jeudi 29 novembre 2012
en Algérie. Le plus important à mes yeux n’est pas de parler du dopage des
chiffres, qui ferait pâlir d’envie certains cyclistes du Tour de France. La
vidéo qui a fait le buzz, ces jours-ci, où l’on assiste au bourrage d’une urne,
ne me fait pas oublier de remarquer la bizarrerie du fait de filmer cela avec
autant d’aisance. Peut-être pour nous dire que la démocratie est vraiment là,
attestée par une vidéo inespérément témoin de liberté de parler. Ou alors, pour
nous faire oublier que la plus grande fraude est en amont, dans les listes
électorales qui majorent à satiété l’état civil.
Cela me rappelle ces petites allusions que nous lisons de
plus en plus, sur la toile, et qui annoncent l’éventuelle candidature du
président Bouteflika pour un quatrième mandat. Si cela était planifié,
l’opinion serait psychiquement prête à l’accepter. Si cela ne l’était pas, le remplaçant
planifié passerait pour personnifier la rupture et le changement. Comme quoi,
Facebook n’échappe pas à la tromperie de l’apparence. Les pseudonymes des
trompeurs se confortent d’être invérifiables, ceux des trompés de latinisation
désignant les pays dont les horizons les intéressent.
Les APC (assemblées communales) et les APW (de wilayas)
n’ont plus que de petits pouvoirs. Les plus importants, les plus dangereux aux
yeux du régime, sont aux mains des exécutifs désignés. Je persiste à dire que
ce mode de représentation ne nous sied pas, même si les modèles d’outre-Méditerranée
sont séduisants. Une élection pyramidale partant de la base, qui est le
quartier ou la cité, serait plus à même de maximiser la probité des élus et de
les faire bénéficier de l’adhésion des électeurs. Les représentants des
quartiers éliraient à leur tour les membres de l’assemblée communale et ainsi
de suite, jusqu’au plus haut échelon du pays.
Pour ces élections algériennes, les programmes politiques
ont peu d’importance, au regard des limitatifs outils juridiques et limités
moyens financiers qui participeraient à les mettre en œuvre. Les Algériens
savent que ces élus feront peu ou prou pour communes et wilayas. Ce qui captive
les Algériens c’est de regarder qui a réussi à franchir les barbelés pour se
tailler une part dans la rente. Constat indifférent pour certains, jaloux pour
d’autres.
Reste que, quelles que soient les bonnes volontés qu’elle
recèlerait, aucune assemblée ne pourrait à elle seule assainir les insanités,
organiques ou morales, que produisent des masses locales totalisant quelque
trente-sept millions d’âmes insensibles ou insensibilisées. Le sensible se
concentrant dans les chiffres de droite des recensements, officiellement sans
virgules.
Ces élus sont issus de la société et représentent en assez
bonnes proportions ses qualités et ses tares. Ce qui m’amène à dire que le
problème des élections locales n’est pas essentiellement dans la fraude, bien
que celle-ci reste blâmable et justificatrice d’abstention. Le problème est
essentiellement dans le fait que les Algériens attendent que leurs élus
changent les choses que eux conservent ou aggravent.
Lorsque nous serons majoritairement bons, par notre volonté
de l’être puis par notre quotidien, nos élus, issus d’entre nous, le seront
proportionnellement. En nombre et en bonne foi.
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