On accuse les vieux et les femmes d’avoir fait réélire Bouteflika le 17
avril 2014. On accuse les abstentionnistes aussi. Or, la culpabilité est nationale.
Les Algériens ont toujours préféré cohabiter avec le tyran que de s’opposer à
lui. Houari Boumediene a consacré le pouvoir des militaires et des anciens
moudjahidine, les Algériens les rendent responsables de tout et l’idolâtrent. Ils
laissent faire quand quelqu’un est agressé et lui sautent dessus quand il se
défend. Ils se taisent lorsqu’un policier tape sur un homme évanoui à Tizi
Ouzou et disent à ceux qui le dénoncent de ne pas commencer. Ce qu’ils
appellent stabilité, en plébiscitant un chef d’Etat après l’autre, n’est rien
d’autre que le syndrome de Stockholm.
En plus de la généralisation de la corruption et de la dégringolade dans
tous les classements mondiaux, les précédents mandats de Bouteflika ont engendré
deux choses. Le cercle des profiteurs a été élargi aux jeunes (prêts bancaires
sans suivi et autres) et le FLN est redevenu parti unique malgré le
multipartisme. Alors, quoi après cela ?
En créant ou non le poste de vice-président de la République , les
factions se disputant le pouvoir se mettront d’accord. Bouteflika leur a fait
gagner du temps avec son quatrième mandat, après les avoir divisés pour régner.
Ils continueront à préparer aux multinationales, aux zones interdites au public
et aux privatisations, y compris dans la police et l'armée en commençant pas la
sous-traitance. La paupérisation s’aggravera, les réclamations s’accentueront,
et le pouvoir sera dans l’incapacité financière de satisfaire ou de corrompre
tout le monde. Il vaudrait mieux que le scénario ne soit pas vénézuélien, la Chavez algérienne, Louisa
Hanoune, a mené campagne au profit de Bouteflika sans s’en rendre compte.
Il ne faut plus avoir peur des étrangers-épouvantails, il faut se mélanger
aux autres. Le nationalisme est révolu et il n’y a plus de politique que
mondiale. A l’image des pays arabes, la démocratie n’est pas algérienne ou pas
encore. Un système qui nous est propre doit être inventé, partant de la réalité
de l’individu algérien et de la lecture dépassionnée de son Histoire.
Oui, les puissances politiques et financières ne nous veulent pas du
bien. Nous n’en voulons pas à nous-mêmes, non plus. Pour la stabilité, les
Egyptiens choisiront le militaire qui a emprisonné le civil qu’ils ont élu.
Pour la stabilité, les Syriens choisiront une troisième fois celui qui continuera
à les tuer. Pour la stabilité, les Algériens choisiraient une cinquième fois
celui qui les a volés et traités de lâches. Et le pire, c’est qu’ils reprochent
aux monarchies du Golfe de ne pas instaurer la démocratie. Si les Algériens choisissent
de toujours accepter la continuité, et ils en ont le droit, qu’ils arrêtent de demander
le changement.
Hichem Achi
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