Je condamne toujours la répression française des
manifestations du 8 mai 1945 en Algérie. Nonobstant, j’observe que le 8 mai est
une date de production algérienne de films rediffusés, sur le calendrier des disputes
algéro-françaises. Une date pour saler la plaie de rancune et la poivrer de
puérilité. Les relations entre l’Algérie et la France ont de plus que la
géographie et l’Histoire qu’elles grisent le présent et noircissent l’avenir.
Jacques Chirac avait parlé de « liens charnels », lorsqu’il avait proposé un
traité d’amitié entre les deux pays. Bon ou mauvais, ce traité est tombé à
l’eau de la Méditerranée
non unie, après que fut votée la loi du 23 février 2005 qui cite le « rôle
positif de la présence française outre-mer ». Cette loi fait l’effet
de quelqu’un qui vous demande de le remercier de s’être bâti une maison sur
votre terrain. Avec d’autres, Eric Zemmour dit que l’empire colonial a apporté le
progrès. Oui, mais le prix en a été trop cher. Aujourd’hui, des Français regardent
l’Algérie du Nord en noir et blanc et d’autres regardent l’Algérie du Sud en
noir. Des Algériens en veulent à la
France d’être venue et d’autres lui en veulent de ne pas les
laisser venir.
Non sans lien avec le propos, ces jours-ci a eu lieu une notation
peu flatteuse des hôpitaux algériens. L’hospitalisation, en France, du
président de la République
algérienne, a posé la question de sa succession. Or, les candidats des partis,
presque tous secrets, sont soit opposants plébiscitaires ou figurants
quinquennaux de parodies d’élections. L’élu a fait campagne en promettant l’environnement
et l’emploi de l’île d’Henri Salvador, et son équipe, émergente ou non, semble gouverner
sans cap, comme une unité de pompiers ou de sapeurs civils. Ils ne se soucient
pas de l’avenir parce que le leur est octroyé en retraite exponentielle.
Retraite professionnelle, s’entend. Quelques uns la prennent en France qu’ils
ont fustigée les 8 mai. Là, le discours desdites dates devient malaisé sur la
revendication. Possible que ces quelques uns exigent la repentance de la France et s’y installent
pour mieux la lui exiger. La population, elle, volontairement plébéienne, hurle
son patriotisme dans les stades de football et dévaste sa patrie autour.
La société civile n’est plus à la mode dans le discours officiel
car, une fois président, Bouteflika n’a plus eu besoin d’affirmer qu’il comptait
sur elle pour contourner les institutions du système. Comment une société
civile pourrait-elle contourner le système qui la gère ? Dans l’entreprise
de réconciliation entre les deux pays, elle n’a de chance d’aller au-delà des
constats et des reproches qu’en ayant un pied sur chaque rive, dans la langue
avec laquelle les deux savent s’écouter et rêver. Le 8 mai pourrait être marqué
en commémorant 1945 et en travaillant tous les ans, ensemble et de manière plus
diversifiée. Cela éviterait les drapeaux étrangers à la Bastille et les queues
devant les consulats. Pour le respect mutuel, c’est pas mal.
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