Au moment où les institutions algériennes sont affaiblies ou
démasquées, des ex membres du FIS (Front Islamique du Salut) et de l’AIS (Armée
Islamique du Salut) voudraient revenir à la vie politique. Leur terrorisme doit
le leur interdire. S’ils reviennent ou nous reviennent exportés, il sera juste
de revoir la position officielle par rapport au MNA (Mouvement National
Algérien) qui est accusé de traîtrise pendant la guerre de libération. Si le
comportement de certains de ses adhérents de l’époque avait causé des morts, il
n’est pas le seul à avoir été dans ce cas. Un autre argument, de taille, plaiderait
en faveur de sa reconsidération. Le FLN l’avait éliminé sous prétexte d’unifier
les rangs et de faire prévaloir la lutte armée sur la lutte politique. Or, un
parti politique est censé faire adhérer à ses idées par la persuasion et le
libre choix, quand le FLN le faisait par la force, comme le souligne Mohammed
Harbi.
Oui, l’arrêt du processus électoral en 1992 était une erreur,
et la genèse de la décennie noire remonte à avant ces élections ou le
multipartisme. Cependant, même si une guerre n’est jamais déclenchée pour une
seule raison, quoi qu’en dise l’Histoire, celui qui fait feu en premier est
toujours le fautif. En justification de cet arrêt des élections, on soutient
que le FIS aurait aboli la démocratie, une fois arrivé au pouvoir. Difficile de
dire s’il l’aurait vraiment fait et si cela aurait été légal. Son terrorisme et
le fait qu’il ait été élu essentiellement par sanction au FLN rendraient aujourd’hui
peu crédibles ses promesses de paradis national et céleste. Pour un certain
temps, en tout cas.
Parmi les partis actuels, qui pourraient sérieusement se
résumer à cinq, il y a le brumeux MSP des Frères musulmans. Influant de moins
en moins sur la pensée musulmane contemporaine, les Frères musulmans se
distinguent des autres islamistes par le caractère fondamentalement politique de
leur mouvement, dû au fait que leur création, en 1928, était une réaction à
l’abolition du califat par Atatürk. Même si tout le monde sait, eux compris,
que le contexte a changé depuis, il reste à ce parti à dire s’il est pour un
califat. Si ce califat aurait une forme ancienne ; s’il serait une union
ou une fédération ; s’il laisserait de la souveraineté aux Etats qui le
constitueraient ; s’il serait différent de l’Organisation de la Conférence Islamique
(OCI). Des questions que l’officiel lui évite, pour services rendus. Ses
réponses le mettraient sur le ban ou le banaliseraient un peu plus que ne le
font les ministres qui en sont issus. Au lieu d’interdire les partis
islamistes, comme certains le demandent, je serais pour l’interdiction de tout
parti qui ne présente pas de candidat aux présidentielles.
Je ne crois pas qu’un califat à l’ancienne soit
envisageable. La géographie des anciens califats est due aux déplacements de
musulmans, partis transmettre le message de l’islam. Face au brigandage et aux
armées, ces messagers se devaient d’être eux aussi armés. Géopolitiquement, c’est
l’expansionnisme auquel tous les pays doivent leurs frontières. C’était avant
qu’il n’y ait des Etats dont la plupart se reconnaissent mutuellement. Aujourd’hui,
la transmission du message de l’islam peut se faire par d’autres moyens de
communication, aussi efficaces que les anciens si les transmetteurs sont
sincères et compétents. A quoi servirait de regrouper la oumma musulmane sur le
territoire d’un califat que la disparité rendrait ingérable ?
L’appartenance à la oumma doit être spirituelle.
La démocratie pourrait s’auto-abolir. En démocratie
indirecte, le peuple légifère par le biais de ses représentants élus, qui pourraient
voter l’abolition de la démocratie. Le peuple peut-il abolir démocratiquement
la démocratie ? Le bon sens voudrait que oui, puisque les élus auront
exprimé le choix du peuple sans nécessairement être obligés de l’appeler au
référendum. Ce bon sens se heurte notamment à l’absence de modèle palliatif. Justement,
c’est peut-être le moment de rappeler qu’il existe des variantes de la
démocratie et qu’il serait sage d’en inventer de localement plus adaptées.
Sur la même lancée, je redis que nos élus manquent de
représentativité. Les électeurs les choisissent parmi des candidats dont ils ne
savent presque rien. L’anonymat qu’en perçoivent certains élus les rend moins soucieux
de leurs électeurs. Comme exemple, la hausse de leurs indemnités qu’ont
débattue les députés algériens pourrait financer, au salaire minimum légal, 2.566 emplois permanents. Tous les électeurs n’auront pas pris acte de cette récidive
d’indécence. Les candidats pourraient être élus d’abord à partir de leurs quartiers,
là où on les connaît mieux, pour donner plus de chances à leur remords. Les
élus de quartiers éliraient parmi eux les représentants des communes (APC). Ces
derniers éliraient parmi eux les représentants des wilayas (APW). L’Assemblée
Nationale serait constituée de représentants de wilayas. En supprimant les daïras
et l’inutile Conseil de la Nation.
Hichem Achi
Hichem tu sais que j'étais un sympathisant du FIS, cependant fin de l'année 1991, j'ai su que ce parti était noyauté et instrumentalisé par le pourvoir pour plusieurs raisons dont tu connais au moins une : faire passer les mesures du FMI n'est ce pas? Avec du recul je sais maintenant que la démocratie aurait était aboli. Au fait, la démocratie à elle existait un jour, et ce depuis l'antiquité ? Vrai, c'est autre débat... je termine par ton dernier mot : PESSIMISME.
RépondreSupprimerProbablement qu'il l'aurait directement abolie ou indirectement en la triturant. Beaucoup de questions évoquées dans l'article mériteraient d'être rediscutées pour en tirer plus de leçons. Bien sûr que la démocratie est théorique, il faudrait juste inventer quelque chose de plus pratique à la place.
RépondreSupprimerPas si simple, mon ami. Des millénaires n'ont pas permis de mettre en pratique ce concept.
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