En Algérie, des
candidats à la présidence de la
République bougent et on essaie de les discréditer ou de les booster.
Les amateurs de restes de votes et de festins attendent de connaître le candidat
du système pour faire, contre lui, une campagne volontairement faible pour le
montrer fort. Ou alors pour dire qu’ils ne peuvent pas être candidats car celui
du système est, comme ses prédécesseurs, le seul sauveur possible du pays.
Pourquoi le président
de la République
ne se déclare-t-il pas lui-même dans l’incapacité d’assumer ses
fonctions ? Est-ce un fol espoir de quatrième mandat ou une persuasion accompagnée
de gâteaux au miel, aux Invalides ? Il sait que, quelles qu’aient été ses
promesses et ses réalisations, son bilan est un échec.
L’Association des
oulémas algériens ne parle pas de la situation politique dans son pays. Pourtant,
est éminemment politique sa présence au Caire, le 13 juin 2013, pour établir la
position de la Ligue
des oulémas musulmans sur la question syrienne. Quoi qu’il en fut, elle a bien
fait d’y aller, la chaise vide aurait pu être occupée par nos salafistes
religieux et suggérer à nos salafistes politiciens un gouvernement parallèle. Elle
a bien fait de ne pas être d’accord pour l’exclusion des oulémas chiites. Elle
a bien fait de ne pas appeler les non-syriens au djihad contre Bachar el-Assad.
Mais, pourquoi ne demande-t-elle pas à l’Assemblée algérienne de prendre ses
responsabilités ? Son deux poids, deux mesures, montre que, comme dans les
autres pays musulmans, nos officiels oulémas sont au service du politique. J'ai du mal à
croire que cette allégeance est sans contrepartie. Les musulmans doivent arrêter de
regarder aux avis et fatwas des oulémas d’ici et d’ailleurs, le temps où la
science ne s’acquérait qu’en se déplaçant au péril de sa vie est révolu.
Entre affaiblis et
renforcés par l’incapacité de Bouteflika, les deux solutions présentent des
inconvénients. En organisant des élections on risque d’être écarté du pouvoir, en
se passant d’élections on risque de provoquer un Printemps algérien. Se passer
d’élections tout en évitant le Printemps n’est pas impossible, cependant, et c’est ce vers
quoi nous mène la léthargie de l’Assemblée. La déliquescence et le ras-le-bol
général, qui s’installent, justifieraient cette « solution ». D’autres
éléments aideraient à la justifier ou à l’adoucir, comme la présence d’Aqmi au
Sud du pays, ou le rassemblement des partis islamistes à Sidi Fredj, le 14 juin
2013, brèche éventuelle pour l’engouffrement du Fis relooké.
Que faire ?
Appeler l’armée à
intervenir, comme a eu tort de le faire Mohamed Mechati, est
anticonstitutionnel. Appeler Bouteflika à reprendre ses fonctions est une sottise.
Sortir dans la rue ouvrirait la voie au chaos. Ce qu’il faut faire, c’est appeler
l’Assemblée à prendre ses responsabilités, en déclarant l’état d’empêchement du
président. Le pays est dans un tournant dont la signalisation est cachée par le
pessimisme général et occultée par le calcul politique. Les Algériens pourraient
faire la différence en faisant la révolution. Pas celle à laquelle les avait
conviés Karl Marx, ni celle de la décennie noire. Celle où les ennemis sont
l’égoïsme, le je-m’en-foutisme et le fatalisme. Le veulent-ils ? C’est la
question qui fera d'eux une population ou une nation.
Hichem Achi
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