Bouteflika est très malade mais vivant, on l’a vu aujourd'hui, s’entretenir
aux Invalides, à Paris, avec le Premier ministre le chef d’état-major algériens.
Première observation, sa robe de chambre est sombre, comme
les costumes de ses deux visiteurs. Le fond et le mobilier sont également
sombres. Je regarde les porcelaines, à l’arrière-plan de la pièce où ils sont
assis, et je me réjouis de ne pas y voir un vase de Soissons, la symbolique
aurait rajouté du cassant à la situation. Quel spécialiste en communication a conseillé ces tons vestimentaires
qui siéent à la gravité mais pas à l’augure ? Peut-être que nos meilleurs en
communication sont installés en France. Mais alors, pourquoi ne pas les avoir
consultés sur place puisque l’entretien a eu lieu à Paris ? Non, si la
sollicitation était une question de distance, l’Algérie les aurait consultés
pendant qu’ils étaient dans leur pays.
Deuxième observation, un président qui donne des
instructions depuis l’étranger donne l’image d’une présidence provisoire. Cela me
rappelle le gouvernement provisoire algérien le (Gpra), écarté en 1962 par les militaires.
Malgré les conditions différentes, l’expérience acquise, dans les procédés, dit que
la mise à l'écart pourrait continuer.
Mourad Medelci, ministre des Affaires Etrangères, disait il
y a quelques jours que Bouteflika donnait des instructions par téléphone,
surtout concernant l’approvisionnement du pays en denrées pour le ramadan. J’ai
presque une overdose de nourriture en voyant comment le président conforte les
Algériens dans leur stomacale piété. Marine Le Pen s’est étonnée, à juste titre
d’ailleurs, que le président algérien se fasse soigner en France. Après ce qu’a
dit Medelci, elle invitera elle-même le président algérien à venir chaque année
juste avant le ramadan. Comme ça, elle videra son pays des produits halal. Et si
nos estomacs se surpassent, elle pourra même puiser dans les cantines scolaires
françaises et faire taire les parents d’élèves musulmans. Il n’y a pas que les
estomacs qui affichent le trop-plein pendant le ramadan, les poubelles aussi. Or,
nos sacs-poubelles sont souvent des sacs en plastique tout court. Le Premier
ministre veut interdire les sacs en plastique et, en même temps, rendre le pays
plus propre. Je présume qu’il a prévu quelque chose à la place et j’aimerais
savoir si ce quelque chose sera fabriqué ici ou importé.
Des Algériens attendent le retour du messie Bouteflika, en oubliant
qu’il nous a fait dégringoler dans tous les classements mondiaux. Il y en a qui
espèrent le voir briguer un quatrième mandat ou un mandat à vie. Ceux qui
savent n’attendent pas, dont Zeroual qui refuse toujours d’assurer la
transition jusqu’aux élections présidentielles. Parallèlement aux candidats
inexpérimentés ou de remplissage, il y a sûrement ou éventuellement Belkhadem, Benbitour,
Benflis, Hamrouche, Ouyahia et Sellal. Ils ont tous été Premiers ministres ou
chefs de gouvernement. Et si Sellal continuait à gérer les affaires courantes
en attendant que soient organisées des élections anticipées ? Ce serait la
solution constitutionnelle. Ce serait aussi celle qui m’éviterait de penser que
les monarchistes votants ont raison et que j’ai tort d’être né à l’Est.
Hichem Achi
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