L’émir du Qatar (61 ans) a cédé son trône à son fils Tamim
(33 ans). Décidément, ce prince est atypique. Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani
avait pris le pouvoir en déposant son propre père, en 1995. Pareille abdication
n’est pas arrivée depuis longtemps dans les monarchies arabes. Possible que ce
soit là un choix aussi libre que ceux de Bendjedid et de Zeroual qu’on avait
démissionnés de la présidence de la République algérienne, respectivement en 1992 et en
1998. Je doute que Bouteflika apprécie ce qui se passe au Qatar. Hamad était l’alibi
qui transforme l’échec de sa politique étrangère de ces dernières années en
complot, et l’idée même de l’abdication lui fait sécréter une bile supplémentaire.
Du reste, on l’a sans doute prié de faire comme s’il n’en avait pas entendu
parler, pour le moment. J’observe le ménagement qui accompagne l’abdication des
reines des Pays-Bas et d’Angleterre, cette dernière étant en préparation. Des
monarchies constitutionnelles, beaucoup moins influentes sur la vie politique
de leurs pays que ne le sont les arabes, proclamées ou non. Dans le passé, les
monarques se sont rarement souciés du bonheur de leurs peuples, ce sont les
peuples qui leur ont imposé de s’en soucier. Qu’attend le nôtre pour
respecter son pays et se faire respecter ?
Loin du Qatar, sauf par les insultes, et à l’approche du
ramadan, mois de piété et de compassion exprimées par la hausse des prix, les
Algériens se demandent s’ils doivent se payer des vacances ou un couffin plus
grand. Les babines seront plus fortes que la transpiration. Puis, à quelle
plage aller, puisque les Algériens vont majoritairement à la plage, en été ?
Nos plages sont sales sans touristes, parfois chères et pas aménagées malgré
les plagistes et les gardiens de parkings qui se sont accaparés le sable et les
trottoirs du peuple. Les plages tunisiennes, elles, traditionnellement
florissantes d’Algériens, font craindre la baignade voilée, plus surveillée et plus
coûteuse que la douche chez soi. En plus de leur loisir estival préféré, selon
le sexe : les mariages dans des salles de fêtes pas insonorisées ou les
matchs de foot, les Algériens attendent le plus de viandes et de friandises que
leur enverra Bouteflika depuis les Invalides. Peu importe si les exportations algériennes ont fléchi de 8,26 % durant les cinq premiers mois de cette année, nous
serions la troisième réserve mondiale de gaz de schiste. Mais, à qui vendre ce
gaz si quasiment tous les pays en ont chez eux ? A l’opinion publique
algérienne, pardi.
Ramadan ou pas, beaucoup louent Bouteflika, peu voient que
Nelson Mandela se fait soigner dans son pays et encourage ses compatriotes à produire
pour être la première économie d’Afrique. Beaucoup sont contents qu’Arnold
Schwarzenegger implante l’Ong écologiste R20 en Algérie, peu voient que rares
sont les usines algériennes qui fument encore et que Renault Algérie sera
peut-être écologique mais peu contribuable. Beaucoup abandonnent leurs postes de
travail pour suivre les éliminatoires du mondial de foot, peu entendent les
Brésiliens hurler, dans la rue, que l’évènement leur coûte trop cher. Beaucoup
dénoncent un Occident qui sème la zizanie entre sunnites et chiites, en Irak, en Syrie et ailleurs, peu voient que sunnites et chiites n’attendent personne pour
s’exclure, s’entre-tuer ou se lyncher, comme maintenant en Egypte.
Cela fait beaucoup de critiques, je sais. Le problème n’est
pas dans leur nombre, il est dans le fait que ce qui est critiqué est le plus
souvent le fruit de nos attitudes. Alors, au marché ou à la plage, n’espérons
pas de baisse tant que nous n’aurons pas élevé notre esprit et nos aspirations.
Hichem Achi
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