51 ans, c’est court pour un pays, long pour un coma populaire.
Prenons du bilan quelques instantanés. Un : A la veille de l’anniversaire de
l’indépendance, le président de la République est convalescent dans le pays auquel
il réclamait l’indépendance. Deux : Des élus (députés Fln et Rnd) refusent
de débattre de la corruption dont se plaignent ceux qui les auraient élus. Trois :
Des tricheurs au baccalauréat 2013 veulent entrer à l’Université et en sont
empêchés par des tricheurs devenus universitaires. Par calcul, ledit bilan ne
chiffrera pas nos contradictions. Une bonne nouvelle, quand même. La hausse des
indemnités des députés est remise en cause, sur dénonciation populaire, preuve
que cette dernière n’est pas vaine. Si on évite la provocation, c’est que le
pouls de l’opinion publique est un branle-bas de paix fragile.
En Egypte, la Constitution est gelée et Adly Mansour,
l’intérimaire de Mohamed Morsi, prête serment en jurant de la respecter. Les Egyptiens
sont en liesse à l’annonce du putsch militaire contre leur premier président
démocratiquement élu, alors qu’ils réclamaient la démocratie. Ces deux
observations me rappellent que la contradiction est humaine. Arabe aussi, donc.
Pendant que d’autres pays arabes se révoltent dans la rue, les Algériens suivent
leur équipe nationale de foot et attendent le ramadan pour s’énerver le jour et
s’empiffrer la nuit. La révolte qui leur est souhaitée ravive leur souvenir des
années 1990, à quelque chose malheur est bon. Ils ont vu que l’islamisme
politique est explosif, directement ou par réplique. Malheureusement, la cherté
d’une leçon ne la fait pas retenir par tout le monde.
A plus grande échelle, l’indignation qui se manifeste dans le
monde évoluera et sa persistance fait réfléchir plus que ne l’a fait son démarrage.
La précipitation est-elle plus dangereuse que la passivité ? La question
est trop ancienne pour avoir la même réponse dans tous les contextes, et la
ténacité la contourne. Si les gouvernants ont toujours abusé, la médiatisation
de leurs abus est, aujourd’hui, telle que se taire serait un appel au féodalisme
nouveau. Améliorer le monde au lieu de le refaire, ce serait une autre mondialisation.
Bonne, celle-là. L’améliorer en consolidant les réseaux planétaires d’entraide
et de partage, d’informations et d’expériences, par exemple.
Le Mouvement citoyen des Algériens de France (Mcaf) appelle à se rassembler devant l’hôpital des Invalides où se trouve le président algérien.
A l’intérieur du pays, presque personne ne parle du 5 juillet. Plus loin qu’un
bilan, les Algériens doivent se projeter dans une dynamique mondiale. Ils
doivent concevoir la différence et pas seulement l’accepter, passer du
compromis conjoncturel à la modération permanente, s’ouvrir sur les autres et
arrêter de penser que tout ce qui vient de l’étranger est un complot. Ils
doivent comprendre que le nationalisme est un barbelé qui, déroulé par le
patriotisme, crée un espace d’isolement et de médiocrité.
Hichem Achi
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