Les Etats-Unis n’interviennent pas directement en Syrie, ils
ne veulent pas d’un deuxième Irak et leurs difficultés économiques aiment bien que
des pays du Golfe financent la guerre contre el-Assad. Même si la politique
étrangère est le point faible d’Obama, le temps joue en sa faveur. Qu’el-Assad
gagne la guerre, pourvu qu’il épuise avec lui l’Iran et le Hezbollah, et surtout
qu’il les retienne le plus longtemps possible. Le temps de laisser se construire,
peut-être, quelque chose entre le Hamas et Israël. Je ne crois pas à la coïncidence
en voyant le Qatar financer le Hamas, au moment où ce dernier se démarque du Hezbollah.
Les Etats-Unis ont remercié l'émir du Qatar et exigé
de son successeur plus de discrétion, pour arrêter de faire de l’ombre à leur
fidèle allié dans la région, l’Arabie Saoudite. Le Qatar doit à présent calmer la
folie des grandeurs qu’on lui avait tolérée ou suggérée. Il met en sourdine son
cheikh al-Qaradawi et sa chaîne télévisée Al Jazeera. Le cheikh fait haïr l’émirat par ses appels au djihad dans les pays arabes et la chaîne
concurrence au-delà de la région.
En effet, les pays de l’Europe de l’Ouest servent souvent de
modèle, en raison de leur développement et des libertés qui y règnent. Pour des
considérations liées au fait colonial, également. Or, ces modèles s’essoufflent
et sont, par exemple, dans l’incapacité de répondre aux revendications
croissantes de leur multiculturalisme. En l’absence d’un modèle laïc probant
dans les pays musulmans, aucun modèle endogène ne suscitera la confiance, donc
l’adhésion, s’il ne fera pas référence à l’islam. En plus, la religion est un
instrument trop puissant pour ne pas être exploité par les politiciens, et même
si la plupart des musulmans arrivent un jour à distinguer entre islam et
islamisme politique, il y aura toujours intérêt à amalgamer.
Ceci pour dire que l’islamisme politique n’est pas mort, contrairement
à ce que dit el-Assad après la chute des Frères musulmans en Egypte. Il l’a dit
pour insinuer que c’est soit son autoritarisme soit l’islamisme, occultant tout
autre courant politique, donc toute autre solution que lui. Le régime algérien
l’a aussi dit, à travers son porte-voix dans ses partis satellites, Amara
Benyounes, pour tacler la coalition islamiste qui se prépare. Un mot à propos
de la délégation algérienne partie en Syrie soutenir el-Assad, quand le prudent
officiel ne le soutient pas directement. Je rappelle que les réseaux sociaux l’ont
encouragé à s’accrocher au pouvoir alors qu’il envisageait de partir. Je ne pense
pas aux djihadistes venus de l’étranger, et que je dénonce. Je pense aux
opposants syriens qui paieront lorsque les délégations seront reparties et que les
internautes arabes reviendront à leurs autres « like ».
Avec l’islamisme politique, la solution est de le confronter
à la responsabilité pour que les sociétés comprennent que la religiosité n’est
pas synonyme d’essor. Les sociétés qui n’essaient pas leurs islamistes sont les
plus susceptibles de les essayer dans la crise, là où l’affolement fait se
jeter sur la première bouée venue. L’Algérie a payé le prix de la brutalité
dans leur mise à l’écart et l’Egypte commence à le faire. En Syrie, en Egypte
et en Libye, les Arabes sont les plus grands perdants. Les Arabes veulent les
libertés et le développement de l’Occident, en les important sans autre effort.
Dans l’impossibilité de le faire, ils préfèrent émigrer que réfléchir à un
système de gouvernance adapté à leur réalité. Que serait la colère des
Algériens, par exemple, s’il n’y avait plus de pétrole ? Entre autres
importateurs de solutions, des islamistes proposeraient de la liturgie. Une
grande partie de la société suivrait.
Hichem Achi
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