dimanche 22 décembre 2013

Algérie : Qui est candidat au système ?

Les pressions étrangères ont toujours accompagné les présidentielles algériennes, hydrocarbures et autres considérations obligent. Toutefois, elles auront été plus évidentes pour 2014 qu’avant. Entre marchands et guerroyeurs, la pression se fait depuis des points cardinaux mobiles et même le Maroc se saisit de l’opportunité pour régler des comptes. La récente déclaration du président français, en faveur de l’autodétermination pour les Sahraouis, lui arrive comme une réplique. Evidemment, cela n’est pas sans lien avec les marchés que la France vient d’obtenir en Algérie, rien n’est gratuit en politique. Ça coûte plus cher qu’avec les Chinois qui travaillent en toutes saisons, au point d’être désormais premiers exportateurs vers l’Algérie. Espérons, au moins, que ce sera qualitatif et que ça créera des emplois productifs. Pour l’instant, le peuple n’y pense pas. Oubliant momentanément les visas, il explique à François Hollande que son ministre de l’Intérieur n’avait rien à craindre en Algérie, alors que lui ne parlait pas de son ministre. Il attend aussi la Coupe du monde de football, au milieu de laquelle l’équipe nationale reviendra bredouille. Une autre dépense.

Le plus important n’est pas qu’Abdelaziz Bouteflika se présente aux présidentielles de 2014, son état de santé laissant, d’ailleurs, penser que non. Le plus important est qu’on continue à le croire, qu’on continue à le prendre pour le candidat du système. Or, candidat ou non, il ne représente actuellement qu’une partie du système. Il est su que ce dernier s’est scindé en deux tendances, chacune accusant l’autre de mauvaise gestion alors qu’elles géraient conjointement. Des chaînes télévisées privées se mettent subitement à décrier la gestion des institutions du pays, en présentant, par exemple, toutes les étudiantes des cités universitaires comme des débauchées. Ça sent la dénonciation intéressée. Qu’on ne s’y méprenne pas, il n’y a pas que des ramasseurs de miettes qui demandent à Bouteflika de briguer un quatrième mandat. Des Algériens ordinaires, de la région de Tlemcen ou non, le font aussi. Ceux-là sont des serfs consentants.

Dans la course, le premier projecteur a été braqué sur l’actuel Premier ministre, Abdelmalek Sellal, passant pour avoir la confiance de Bouteflika, et investi d’une certaine autonomie, du moins en apparence. Après ce qu’on a vu de sa faible expression orale, si on le voit toujours présidentiable c’est qu’on n’a personne d’autre ou qu’on prend le peuple pour de la plèbe. Une explication n’empêchant pas l’autre. Dans l’ombre des projecteurs, Ahmed Ouyahia, détesté par trop d’Algériens, et Mouloud Hamrouche qui n’aurait toujours pas l’intention de se présenter. Ce qui attire l’attention dans la candidature d’Ali Benflis, c’est le fait qu’il bénéficie du plus grand nombre de fans sur les réseaux sociaux. C’est-à-dire là où il y a le plus de critique du système et, en même temps, le plus de faussetés qu’au journal télévisé. On se rappelle aussi de cet inhabituel sondage qui l’avait donné gagnant avec 87% d’intentions de vote. Sans connaître les détails de son programme pour le soutenir ou non, j’ai de la considération pour Ahmed Benbitour depuis que, Premier ministre, il avait préféré partir, en 2000, plutôt que d’être un pantin. Je passe outre les lièvres anciens et nouveaux et les candidats islamistes que le Printemps arabe devrait disqualifier. Je dis, quand même, sur la candidature de l’écrivain Mohammed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra, que la facilité avec laquelle ses tribulations avaient pris fin, pour devenir directeur du Centre Culturel Algérien à Paris, jette le doute sur son authenticité.

Bien que mal en point, Bouteflika reste le personnage central de ces élections. S’il ne se présente pas, il est impératif qu’il désigne un remplaçant, afin que le challenger soit étiqueté candidat du changement. Avec deux candidats non identifiés par le président sortant, il y aurait risque de dégénérescence ou d’implosion. Le candidat qui l’emportera sera celui qui saura faire le consensus auprès des deux tendances. Elles-mêmes le cherchent, elles sont trop intelligentes pour ne pas le faire. C’est là qu’il devra convaincre, tout en jouant le jeu de la campagne publique. En attendant que la girouette électorale se stabilise et dissipe le smog politique, je dis encore une fois que le véritable changement ne peut venir que des citoyens, par la conscience que traduisent la position et le comportement. A nous observer, ce n’est pas pour tout de suite.

Hichem Achi