Un sondage des intentions de vote, pour les prochaines
élections présidentielles algériennes, a été réalisé en ligne, par Jeune
Afrique, entre le 3 et le 12 juin 2013. Je m’interroge sur sa commande, sa
fiabilité et son interprétation. Néanmoins, il est possible d’en tirer des
choses.
D’après les sondeurs, il y aurait eu fraude en faveur du
candidat du Msp (Mouvement pour la société de la paix). Le fait que les
internautes fraudeurs se trouvent aux Etats-Unis n’étonne pas, ce pays nous
conseille bien l’islamisme en nous donnant les exemples, tunisien, égyptien et
libyen. Le Msp n’a pas de candidat de taille et son ancien président a pris trop
de kilos, une fois devenu ministre, pour rester crédible. Dans les trois
premières positions, le sondage donne Ali Benflis (87 %), Ahmed Benbitour (2 %)
et Abderrezak Mokri du Msp (1 %). Quel que soit le degré de fiabilité de ce
sondage, ce score de 87 % retient l’attention.
Si ce score est fiable, il voudrait dire que les Algériens
aiment toujours ce qui est massif. Benbitour l’intègre a
démissionné de son poste de Premier ministre en 2000, et il est déjà sur le
terrain avec des propositions. Seuls 2 % l’auraient remarqué ? Benflis s’était
classé deuxième en 1994, avec 6,42 %. Comment expliquer qu’il ait obtenu
87 %, alors qu’il se prépare dans le secret et qu’on ne connaît rien de son
programme ?
Après la fraude, ce sont l’idéologie et les promesses, même
irréalisables, qui ramènent le plus de voix. Beaucoup plus que le détail des
programmes. De fait, durant les émissions télévisées des premiers temps du
multipartisme, peu de questions étaient techniquement embarrassantes. Depuis, les candidats ne sont plus embarrassés et font somnoler ceux qui
les regardent. La biométrie pourrait aider à contrôler les listes des électeurs,
mais rien ne vaut la conscience et la vigilance.
Dans les scrutins à deux tours, on est censé choisir au
premier et éliminer au deuxième. Les Algériens éliminent dès le premier tour. C’est
le caractère du prédisposé à l’extrémisme, de celui qui donne le tout et ne
nuance pas, qui interdit et ne tolère pas, et ce caractère se ressent dans les
rapports sociétaux. On se rappelle des législatives de 1991 où, au premier
tour, ils avaient voté pour le Fis (aujourd’hui dissous). Même si on ne peut pas se
fier totalement aux scores finaux, la tendance était palpable dans la rue et le
vote étonne par son taux (81,38 %) plus que par la volonté de sanctionner le régime
de l’époque. Eliminer dès le premier tour a pour inconvénient de ne pas
permettre aux candidats de se positionner réellement entre deux élections,
alors qu’ils en ont besoin pour établir leurs tactiques à venir.
Si, par contre, le score de 87 % est l’œuvre des fraudeurs
officiels, il voudrait dire deux choses. D’une, que ces fraudeurs savent que
le peuple aime les scores lourds et ils ne se priveront pas de lui en servir. De deux, que ces fraudeurs miseraient sur
Benflis, ce qui ne ferait pas nécessairement de lui le candidat du régime. Le
candidat du régime c’est celui que soutiendront les syndicats, les
organisations nationales et les partis satellites. En attendant de découvrir
qui sera le héros du prochain vaudeville électoral, je ne sais pas si j’irai
voter. Je cautionnerais le régime ou l’esprit populaire. Peut-être les deux.
Les deux à la fois, c’est ça le véritable système.
Hichem Achi
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