dimanche 20 juillet 2014

Lettre aux Israéliens qui sont pour la paix


Israéliens qui êtes pour la paix,

Je ne vous parle pas de votre démesurée réponse militaire aux roquettes palestiniennes. Je ne vous parle pas de la thèse de l’invention du peuple juif, malgré laquelle des Arabes sont prêts à vous reconnaître, et parmi lesquels des Palestiniens. Je ne vous parle pas des tunnels palestiniens qui sont la réponse à votre embargo sur Gaza. Je ne vous parle pas des adolescents israéliens enlevés et tués, et pour lesquels les Palestiniens n’ont pas tous à payer. Je ne vous parle pas de vos colonies en territoires palestiniens, ni du mur de séparation qui se trouve à l’intérieur de ces territoires. Je ne vous parle pas des Palestiniens de Gaza dont vous détruisez les maisons et qui n’ont pas où aller car ils sont déjà sur le territoire le plus densément peuplé au monde et l’un des plus pauvres. Je ne vous parle pas des groupes armés palestiniens qui naîtront de vos attaques sur Gaza et qui vous attaqueront à leur tour.

Parce que tout cela, vous le savez déjà.

Je vous parle de votre attitude. Faire signer des missiles « avec amour » par vos enfants, avant de les envoyer sur des enfants palestiniens, ne fera pas seulement des victimes civiles, cela inculquera aux générations futures que « l’amour » est d’éliminer l’autre. Applaudir aux bombes qui tombent sur Gaza, comme on applaudit à un spectacle de feux d’artifice, un jour de joie, veut dire que c'est plus qu’une politique d’un gouvernement donné et que c’est le choix de nombre d’entre vous, voire d’une majorité.

Je vous parle de vos parlementaires qui proposent de tuer les femmes palestiniennes enceintes ou de couper l’électricité aux dialysés palestiniens. Vous les avez élus pour vous représenter, et si vous ne les interpellez pas c’est que vous les approuvez.

Je vous parle de la mémoire. Hier, vous avez souffert et vous avez dit à vos enfants « souviens-toi ». Aujourd’hui, des Palestiniens souffrent et, comme vous, ils diront à leurs enfants « souviens-toi ». Je ne crois pas que vous soyez insensibles à la souffrance des Palestiniens, vous êtes aveuglés par la haine ou apeurés par les vôtres. Certains d’entre vous ont dit l’injustice de ces attaques. J’ai vu d’autres le dire puis se rétracter, par peur de la vindicte. Vous ne pouvez plus vous permettre d’avoir peur, la violence va trop loin.

Vous devez dire stop à Netanyahou et à vos compatriotes qui le soutiennent inconditionnellement. C’est une question de justice. C’est une question de devenir, aussi. La communauté internationale est en train de remettre en cause la légitimité de votre existence, et si elle ne vous accorde pas de sympathie particulière c’est parce que, cette fois, vous n’êtes pas les victimes.


Hichem Achi

vendredi 11 juillet 2014

Algérie-France : Entre défilé et parade au 14 Juillet


Trois officiers de l’ANP (Armée algérienne) participeront au prochain défilé du 14 Juillet à Paris, en paradant Place de la Concorde. C’est à côté ou au bout des Champs-Elysées. Est-ce de la reconnaissance ou de la relance économique ? La prospection française pour le gaz de schiste algérien fait privilégier la deuxième hypothèse.

Depuis que Abdelaziz Bouteflika est président, les concordes sont aussi fréquentes et incertaines que les révisions de la Constitution. Hier Concorde Civile, maintenant Place de la Concorde. Je ne dis pas que les deux sont comparables et je suis pour la réconciliation. Je dis que nous avons perdu des vies et que nous allons perdre l’eau du Sahara. Le plus malheureux c’est que les bénéfices engendrés par l’exploitation de notre gaz de schiste rempliront nos couffins au lieu de pallier notre rente.

Le regard sur le Français d’origine algérienne change peu ou prou, lui. On ne saura toujours pas combien brandiront le drapeau algérien en France, hors 14 Juillet, pour commémorer les mines et combien le feront pour miner. Pourtant, la pérennité et l’intensité des liens entre l’Algérie et la France ne sont plus à démontrer, et ces Français en sont un pilier pouvant porter plus que des urnes, des produits halal et des mosquées.

Une journée à part aurait été acceptable. Commémorer la participation d’Algériens à la Première Guerre, le jour de la fête nationale française, veut dire que ces Algériens (dits Français musulmans, à l’époque) étaient bel et bien des Français, et qu’ils avaient participé à cette guerre pour libérer la France et non pas le monde. On pourrait en déduire plus mais, dans l’immédiat, qualifier la Guerre de libération algérienne de « Révolution » prend tout un sens. On se révolte contre un tyran autochtone et non pas contre un colonisateur venu d’ailleurs. Je positive en disant que ça  pourrait au moins nous faire libérer du nationalisme dans lequel nous acceptons d’être enfermés, et qui est différent du patriotisme.

Il ne faut pas s’arrêter à la repentance de la France. On situe mal les responsabilités en exigeant que l’autre les dise, on le fait en écrivant sa propre version de l’Histoire et en la confrontant à celle de l’autre. Mais si l’Histoire contemporaine de l’Algérie s’écrit toujours difficilement, c’est bien pour écarter toute concurrence à la légitimité historique et exclusive du FLN.

La France ne nous proposera pas un transfert de savoir-faire industriel, elle n’aurait plus rien à nous vendre. Elle nous proposera plus de projets clés en main et plus de visas. Plus d’Algériens défileront devant les consulats français ou paraderont à l’entrée des hôpitaux français de luxe. On se doute bien que le traitement ne sera pas le même pour tous.

Hichem Achi

jeudi 10 juillet 2014

Israéliens, soyez vous aussi des Justes


Israël est un Etat membre de l’ONU, il doit se conformer aux résolutions de cette organisation et aux verdicts de son organe juridique, la Cour internationale de Justice. Par ailleurs, ceux qui condamnent les enfants d’Israël à l’exil éternel doivent se rappeler que cet exil devait durer quarante ans, comme relaté par le Coran, et que cette durée est écoulée depuis longtemps. La terre suffit à tous, à condition de respecter les frontières et la souveraineté des uns et des autres.

On justifie les raids actuels sur Gaza par les tirs de roquettes sur Israël, y compris sur le Nord, maintenant. Selon certains, le Hamas, coupé de l’Egypte, viserait uniquement à continuer à exister aux yeux des Palestiniens. Seulement, le massacre de civils palestiniens ne saurait se justifier par leur prétendue utilisation comme bouclier humain par le Hamas. Enfin, puisque cela rajoute à la férocité des raids, si trois adolescents israéliens ont été récemment tués, un adolescent palestinien a été récemment brûlé vif, et d’autres sont régulièrement torturés et tués.

Les sionistes qui dénoncent ces injustices ne sont pas des traîtres, ce sont des Justes, comme ont été des Justes ceux qui ont aidé les juifs persécutés, et parmi lesquels il y avait des musulmans. Les autres sionistes, tout particulièrement les Israéliens, doivent dénoncer cet acharnement sur les Palestiniens. Ils doivent comprendre qu’il n’y aura pas de paix tant qu’existeront les colonies israéliennes en terre palestinienne, tant qu’il y aura de l’embargo, tant qu’il y aura de la démesure dans la riposte armée. Ils doivent comprendre qu’ils font subir aux Palestiniens ce que le nazisme et d’autres leur ont fait subir. Qui est David et qui est Goliath, aujourd’hui ? Si David avait terrassé Goliath en étant plus faible que lui, c’est parce qu’il avait raison et que Goliath avant tort, la façon arrivant après. Néanmoins, la vérité doit être dite pour tout le monde.

Ce n’est pas seulement la Coupe du monde de football qui distrait de voir ce qui se passe en ce moment à Gaza. La Coupe du monde distrait des injustices que commettent quotidiennement les politiques de la planète à l’encontre de leurs peuples. On se trompe, également, en attribuant la responsabilité totale de ce conflit aux dirigeants des pays arabes. Ces derniers ont une responsabilité dans la perduration du conflit, mais la Palestine a d’abord été abandonnée par nombre de Palestiniens qui se complaisent dans leur exil, souvent pensionné, ou qui vendent leurs terres aux Israéliens. De même, il ne faut rien attendre d’une éventuelle médiation d’al-Sissi qui « refuse de mettre une pression exagérée sur Israël » et dont la presse considère le Hamas comme une organisation terroriste. La question se pose avant tout à deux peuples qui s’entretuent ou s’exterminent mutuellement, même si le rapport de force est en faveur d’Israël.

Comptant mener des raids de longue durée sur Gaza, Benyamin Netanyahou appelle les Israéliens à « faire preuve de patience », qu’ils fassent preuve de justice. Qu’ils soient eux aussi des Justes, seuls durent ceux qui le sont.


Hichem Achi

mercredi 7 mai 2014

Une juive au gouvernement algérien. Alerte !


Nouria Benghabrit-Remaoun, la nouvelle ministre de l’Education nationale, serait d’origine juive et c’est suffisant pour provoquer une levée de boucliers.

Admettons qu’elle soit d’origine juive ou même de religion juive. Les séfarades sont Algériens depuis plus de cinq siècles. On dira qu’il y a eu Israël et le décret Crémieux, entre-temps. Je dirais que si on accepte qu’un Algérien rappelle la France mais pas Israël, c’est un peu pour la Palestine et beaucoup parce qu’on ne rêve pas d’émigrer en Israël. Puis, je me demanderais quel départ d’Algérie est le plus déplorable, celui des juifs ou celui des musulmans qui les rejoignent sans arrêt depuis cinquante-deux ans.

Le problème n’est pas dans la confession de telle ou tel ministre, il est dans le fait que ce gouvernement est la continuité du système qui nous conduit à la faillite et que nous l’avons aidé à s’installer. Faillite, dis-je ? Tant que ça reste entre musulmans !


Hichem Achi

jeudi 24 avril 2014

Le syndrome algérien de Stockholm


On accuse les vieux et les femmes d’avoir fait réélire Bouteflika le 17 avril 2014. On accuse les abstentionnistes aussi. Or, la culpabilité est nationale. Les Algériens ont toujours préféré cohabiter avec le tyran que de s’opposer à lui. Houari Boumediene a consacré le pouvoir des militaires et des anciens moudjahidine, les Algériens les rendent responsables de tout et l’idolâtrent. Ils laissent faire quand quelqu’un est agressé et lui sautent dessus quand il se défend. Ils se taisent lorsqu’un policier tape sur un homme évanoui à Tizi Ouzou et disent à ceux qui le dénoncent de ne pas commencer. Ce qu’ils appellent stabilité, en plébiscitant un chef d’Etat après l’autre, n’est rien d’autre que le syndrome de Stockholm.

En plus de la généralisation de la corruption et de la dégringolade dans tous les classements mondiaux, les précédents mandats de Bouteflika ont engendré deux choses. Le cercle des profiteurs a été élargi aux jeunes (prêts bancaires sans suivi et autres) et le FLN est redevenu parti unique malgré le multipartisme. Alors, quoi après cela ?

En créant ou non le poste de vice-président de la République, les factions se disputant le pouvoir se mettront d’accord. Bouteflika leur a fait gagner du temps avec son quatrième mandat, après les avoir divisés pour régner. Ils continueront à préparer aux multinationales, aux zones interdites au public et aux privatisations, y compris dans la police et l'armée en commençant pas la sous-traitance. La paupérisation s’aggravera, les réclamations s’accentueront, et le pouvoir sera dans l’incapacité financière de satisfaire ou de corrompre tout le monde. Il vaudrait mieux que le scénario ne soit pas vénézuélien, la Chavez algérienne, Louisa Hanoune, a mené campagne au profit de Bouteflika sans s’en rendre compte.

Il ne faut plus avoir peur des étrangers-épouvantails, il faut se mélanger aux autres. Le nationalisme est révolu et il n’y a plus de politique que mondiale. A l’image des pays arabes, la démocratie n’est pas algérienne ou pas encore. Un système qui nous est propre doit être inventé, partant de la réalité de l’individu algérien et de la lecture dépassionnée de son Histoire.

Oui, les puissances politiques et financières ne nous veulent pas du bien. Nous n’en voulons pas à nous-mêmes, non plus. Pour la stabilité, les Egyptiens choisiront le militaire qui a emprisonné le civil qu’ils ont élu. Pour la stabilité, les Syriens choisiront une troisième fois celui qui continuera à les tuer. Pour la stabilité, les Algériens choisiraient une cinquième fois celui qui les a volés et traités de lâches. Et le pire, c’est qu’ils reprochent aux monarchies du Golfe de ne pas instaurer la démocratie. Si les Algériens choisissent de toujours accepter la continuité, et ils en ont le droit, qu’ils arrêtent de demander le changement.


Hichem Achi

vendredi 18 avril 2014

Entre poltrons et corrompus


La réélection d’Abdelaziz Bouteflika vient de démontrer, une fois de plus, que voter dans les conditions actuelles sert le régime. Si personne ne s’attendait à une élection propre, quelques uns ont voté et soutenu un autre candidat. Je les respecte et je les appelle à se désillusionner. Les autres se divisent grosso modo entre ceux qui ont peur des représailles du régime et ceux qui veulent encore des avantages chiffrables.

La fraude ne s’aide pas seulement de bourrage d’urnes ou de listes électorales, elle s’aide aussi de peur. Il n’y a pas de honte à avoir peur. Il y a de la honte à maquiller sa peur de ralliement contre l’ingérence qui, de toute façon, ne disparaîtra pas. Malgré l’incertitude sur l’issue de la lutte interne qui continue après ce 17 avril 2014, je me dis que la vigilance et la dénonciation ont augmenté et que cela a permis de baisser le taux annoncé de participation (51,70 % contre 74,11 % en 2009), ce qui est un balbutiement de société civile.

Cependant, avec ou sans fraude, la plupart des votants ont choisi Bouteflika. Les Algériens l'annonçaient et les sondages les plus sérieux le donnaient gagnant dès le premier tour. Alors, je me demande si, parmi ses électeurs, il y a eu plus d’apeurés que d’avantagés ou l’inverse. Il est important de savoir si les poltrons ont été plus patriotes que les corrompus ou l’inverse. Pour une certaine écriture de l’Histoire.


Hichem Achi

mercredi 2 avril 2014

Bouteflika n’est pas l’Algérie


On craint que la visite de John Kerry, ces 2 et 3 avril, n’influe en faveur d’un quatrième mandat pour Bouteflika. Comme si les Etats-Unis allaient observer de loin nos présidentielles, avant de féliciter le gagnant et de travailler avec lui.

D’abord, s'ils préfèreraient travailler avec Bouteflika qu’avec un inconnu, son état de santé est un facteur à risques et le scénario où il serait réélu et ne terminerait pas son mandat ne peut pas avoir été négligé. Puis, il y a le Sahel, le Sahara occidental, le différend qataro-saoudien, les négociations israélo-palestiniennes, la Syrie et l’Ukraine.

Les puissances continueront à se faire la course aux ressources et aux marchés et ça ne suffira pas à résoudre leur endettement. Les Algériens peuvent en faire un avantage mais ils doivent comprendre que le principal problème est interne. Ces jours-ci, nous entendons des partisans de Bouteflika dire qu’ils voteraient pour lui vivant ou mort. Nous les entendons nous demander de choisir entre lui et la démocratie. Nous entendons son directeur de campagne se demander « Comment ne serait-il pas béni, alors que les pluies en cette campagne électorale annoncent de bonnes récoltes ? ». Nous entendons des artistes chanter Notre serment pour l’Algérie et y dire qu’il a « tenu la promesse d’un million et demi de martyrs », puis certains d’entre eux qu’ils croyaient chanter pour le pays et non pour le président. Paroles absurdes ou destinées à ceux qu’on prend pour des imbéciles, le fait qu’elles soient parfois dites du fond du cœur indique que nous sommes encore tribalistes.

Les intéressés-patriotes ne doivent pas récupérer ce qui est à tout un peuple. Quoi que fasse l’Algérie pour aider à solutionner les questions mondiales de l’heure, son action sera au bénéfice du pays et non pas au bénéfice d’un président donné. Bouteflika peut demander le Nobel de la paix ou l’aura de Houari Boumediene, il ne sera jamais l’Algérie à lui tout seul.


Hichem Achi

jeudi 6 mars 2014

Des épouvantails et des œillères


En Algérie, l’actualité politique de ces derniers jours ne prête pas à sourire. Avec un certain retard, sans doute par ras-le-bol et peut-être par infuse dose de défaitisme, je condamne la bastonnade et le fichage des manifestants pacifiques anti quatrième mandat. Mais quoi après la condamnation ? Participer aux présidentielles cautionnera la mascarade électorale et les boycotter n’empêchera pas de gonfler le taux de participation.

Comme à tous les rendez-vous, on titille la fibre patriotique en évoquant la convoitise étrangère, comme si nos richesses n’attiraient pas entre deux élections. En même temps, se plante un autre épouvantail, local, celui-là. Ali Belhadj, ex numéro deux du FIS dissous et qui voudrait se présenter.

Malgré la candidature de Bouteflika et les 32 parti(e)s politiques qui la soutiennent, le véritable candidat du système n’est pas encore définitivement identifié. Le fichage des manifestants pacifistes est une façon de prétendre que Bouteflika est le candidat du système. De même, le vol des signatures de soutien au candidat Rachid Nekkaz ne nous dit pas qu’il avait des chances d’être élu et qu'il faisait peur. Il nous dit que, s’il avait une chance, c’est que le scrutin ne serait pas si truqué que ça et qu’il faut y participer.

La solution n’est pas de voter massivement le tout sécuritaire pour faire barrage à la théocratie. Elle n’est pas dans la participation massive pour bloquer un candidat du système et en permettre un autre. Elle n’est pas dans le simple boycott. Dans le passé proche, le régime n’a eu vraiment peur que deux fois, de la désobéissance civile envisagée par le FIS dissous et de la rencontre historique de Sant’Egidio où aucun participant n’avait trahi. Aujourd’hui, en l’absence de plateforme civile fiable, c’est individuellement mais publiquement qu’on doit faire savoir qu’on boycotte.

Plus essentiel que cela, il faut se poser des questions. Pourquoi est-ce que rien n’a marché depuis l’indépendance ? Pourquoi est-ce que les Algériens affectionnent de plus en plus les photos en noir et blanc de leur pays ? La République que nous voulons est-elle adaptée à notre réalité ? Si un jour un candidat non issu du système est élu, pourra-t-il enclencher le changement que les Algériens refusent par leurs pratiques quotidiennes ? Le pot-de-vin, le favoritisme et le non-droit sont des pratiques de la société civile et pas seulement des gouvernants.

On pourrait se dire que le temps est la solution. C’est-à-dire que, contrairement à leurs parents, les enfants des anciens moudjahidine ne savent pas commander une armée. C’est-à-dire que la biométrie finira par rendre impossible le trucage des scrutins. Seulement, a-t-on le temps ? On doit continuer à dénoncer et à critiquer, pour rendre les dépassements plus difficiles, donc moins nombreux. Plus important, il faut relire son Histoire contemporaine et étudier le melting-pot. Démocratie ou pas, le peuple ne sera jamais au gouvernail et n’aura jamais d’asile, dans son pays ou sur une quelconque île paradisiaque. Il endossera toujours la dernière responsabilité et en paiera le prix. Un prix que les hydrocarbures n’arriveront bientôt plus à compenser.

Même si je deviens puissant, je concèderai son droit à qui de droit. Même si je reste pauvre, je n’accepterai de pot-de-vin de personne. Et, cette fois encore, je n’irai pas voter.


Hichem Achi

lundi 27 janvier 2014

Quel sera le métier du prochain président de la République ?


L’animateur des anciens Comités de soutien à Bouteflika affirme que ce dernier a décidé de ne pas se représenter pour un quatrième mandat. Ce serait « l’imposteur politique Amar Saïdani » et « les lobbies de l’argent sale » qui le pousseraient à le faire. Première question : Si on veut maintenir Bouteflika à la présidence pour faire de l’argent sale, cela signifie-t-il qu’on en faisait durant ses trois mandats ? Deuxième question : Pourquoi Bouteflika n’a pas réussi à vaincre ces lobbies, à supposer qu’il les ait combattus ? Troisième question : Si Bouteflika n’est pas le candidat du système, qui l’est ?

Parallèlement, on vient de publier une liste de ceux qui ont retiré le dossier de candidature, et dont aucun ne sera président de la République.



Ça pourrait être un fake. Pour une fois, je fais avec et je vais essayer de mettre un peu d’ordre en regroupant par similitudes. Les métiers cités figurent bel et bien sur la liste et les allusions tournent autour des métiers en général et non des personnes. Enfin, pas toutes.

  • L’écrivain rapporte ce qu’il scrute dans les salons, l’écrivain public rapporte ce qu’il scrute dans la rue.

  • Le gérant de station-service vend du mazout, le marchand de légumes vend des pastèques dopées avec.

  • Le marchand ambulant ne déclare pas son activité, le chômeur est déclaré statistiquement actif.

  • La sage-femme annonce sans cesse des naissances locales, la femme sage annonce sans cesse des complots étrangers.

  • L’avocat ne défend pas les moutons, le vétérinaire veille à la conformité de leur abattage.

  • L’instituteur se fiche de ceux qui n’auront pas le bac, le professeur d’université n’a pas le bac et s’en fiche.

  • Avec un logiciel craqué par l’informaticien, l’architecte conçoit des cages à poules dites logements, l’entrepreneur les bâcle, le peintre en bâtiment les peinturlure, l’ingénieur agrée leur non-conformité, le promoteur immobilier plume les acquéreurs avec, le directeur général de banque qatarie les plume tous.

  • L’ex conseiller à la Présidence propose qui nommer au Sénat pour lever la main, l’ex sénateur lève la main avec ou sans proposition, le militaire retraité conseille fortement de le faire.

Ça amuse un peu. Ça inquiète en voyant comment les Algériens prennent cette fonction à la légère. C’est qu’ils constatent que, malgré une fin de mandat toujours pire que son début, le président a des opportunités, des fans, l’immunité et le salaire à vie. Les présidentiables s’ajouteront à la liste dans les prochains jours et le problème est qu’ils sont issus d’un système qu’ils n’ont dénoncé qu’une fois éjectés. Si vous vous retrouvez dans tout ça, allez voter.


Hichem Achi

dimanche 26 janvier 2014

Du pain en plastique pour presque tous


Sur l’élan de dégénérescence que connaît l’Algérie, des intéressés et/ou imbéciles appellent les Etats-Unis à nous aider depuis Ghardaïa vers nos puits. Comme un malheur n’arrive jamais seul, le prix du baril de pétrole devrait chuter de moitié dans les trois années à venir. Inutile de dire les conséquences sur notre économie entreposée à l’étranger. Tout le monde les devine, quelques uns les anticipent et les contournent.

Pas de panique. Un : Organiser un maximum de matchs de foot pour l’équipe nationale et échauffer les hitistes et les autres, avant et après, avec notre « One two three, viva l’Algérie ». Deux : Arrêter de décourager les harraga de se jeter à la mer. Trois : Dire que seules des mains étrangères sont responsables. Pas vraiment inventif mais, comme il y a de l’exutoire, ça marchera.

En attendant de nous rappeler comment faire pousser du blé, nous panifierons les sacs en plastique que nous jetons par nos fenêtres et que les maires ne ramassent pas. Ces fainéants ! Beaucoup mourront dans des hôpitaux délabrés, en remerciant Val-de-Grâce de nous accorder cinq ans post-mortem ou une diversion électorale.

A part ça, nous pourrions reconnaître que nous nous sommes trompés et redémarrer sur des bases plus réalistes. Discuter sereinement de notre Histoire, de notre Ecole, de notre Université, de notre économie. Trompés ? La dynastie ne se trompe pas, elle se fait hériter, encore mieux avec le vote de ceux qui la dénoncent. Ah, le vote ! Pour une fois que les papiers ne sont pas jetés dans la rue, c’est du propre !


Hichem Achi

mardi 21 janvier 2014

Beaucoup de coups sont permis

Dans le quotidien algérien El Khabar de ce 21 janvier 2014, Yacef Saadi accuse Zohra Drif d’avoir livré Hassiba Benbouali et Ali la Pointe à l’armée française, lors de la bataille d’Alger en 1957. Ce dont certains l’accusent lui. Yacef Saadi parle de deux lettres dans lesquelles Zohra Drif aurait tenté de dissuader Hassiba Benbouali et qui seraient archivées en France. Ces archives, réclamées occasionnellement et mollement à la France, contiennent sans doute d’autres bombes à retardement. La colonisation et la guerre d’Algérie ont formé deux nations qui contredisent la nationalité. Chacune habite les deux rives, là est la clé. Dans le même entretien, on lit que Bouteflika lui aurait dit vouloir passer le reste de sa vie au pouvoir. A ce passage, les présidentielles relèguent le règlement de comptes entre anciens combattants. Yacef Saadi n’a plus peur des mêmes.

Faisant depuis longtemps fi de Saadi et des critiques, revoilà Bouteflika annoncé médicalement apte à la continuité, après avoir délégué un Premier ministre mauvais locuteur mais bon signataire de chèques calmants. Faut-il un Bouteflika pour réconcilier les ibadites et les sunnites qui se tapent dessus à Ghardaïa en ce moment ? Faut-il plus de tamazight au Nord et moins au Sud ? Plus de contrats pour les multinationales ou plus de frontières ouvertes pour les contrebandiers locaux ?

Si le Printemps algérien est le plus long de tous, c’est que l’Algérie doit manœuvrer entre vents de mer, d’océans et de sable. Les présidentielles sont prévues pour le 17 avril prochain. Entre vieux de la vieille, même pas retoilettés, et lièvres démasqués ou émigrés, les programmes sont aussi vertueux que ceux des campagnes précédentes. Les rares candidats qui modifient des choses n’ont aucune chance ou n’ont aucune chance parce qu’ils modifient. A ce jour, l’abstention reste l’attitude la plus saine. A défaut d’élire, elle délégitimera le prochain désigné élu. S’il sera tenté de s’en passer, il saura que nous savons et se tracera la ligne à ne pas franchir. Or, après autant de célébrations du 16 avril Journée du savoir, nous savons toujours si peu. La date du 17 serait un hasard ou un signe. Par temps d’augure, c’est la même chose.

Hichem Achi