Les pressions étrangères ont toujours accompagné les présidentielles
algériennes, hydrocarbures et autres considérations obligent. Toutefois, elles
auront été plus évidentes pour 2014 qu’avant. Entre marchands et guerroyeurs,
la pression se fait depuis des points cardinaux mobiles et même le Maroc se saisit de
l’opportunité pour régler des comptes. La récente déclaration du président
français, en faveur de l’autodétermination pour les Sahraouis, lui arrive comme une réplique. Evidemment, cela n’est pas sans lien avec les marchés que la France vient d’obtenir en
Algérie, rien n’est gratuit en politique. Ça coûte plus cher qu’avec les
Chinois qui travaillent en toutes saisons, au point d’être désormais
premiers exportateurs vers l’Algérie. Espérons, au moins, que ce sera
qualitatif et que ça créera des emplois productifs. Pour l’instant, le peuple
n’y pense pas. Oubliant momentanément les visas, il explique
à François Hollande que son ministre de l’Intérieur n’avait rien à craindre en
Algérie, alors que lui ne parlait pas de son ministre. Il attend aussi la Coupe
du monde de football, au milieu de laquelle l’équipe nationale reviendra bredouille.
Une autre dépense.
Le plus important n’est pas qu’Abdelaziz Bouteflika se présente aux
présidentielles de 2014, son état de santé laissant, d’ailleurs, penser que
non. Le plus important est qu’on continue à le croire, qu’on continue à le
prendre pour le candidat du système. Or, candidat ou non, il ne représente
actuellement qu’une partie du système. Il est su que ce dernier s’est scindé en
deux tendances, chacune accusant l’autre de mauvaise gestion alors qu’elles
géraient conjointement. Des chaînes télévisées privées se mettent subitement à
décrier la gestion des institutions du pays, en présentant, par exemple, toutes
les étudiantes des cités universitaires comme des débauchées. Ça sent la dénonciation
intéressée. Qu’on ne s’y méprenne pas, il n’y a pas que des ramasseurs de
miettes qui demandent à Bouteflika de briguer un quatrième mandat. Des Algériens
ordinaires, de la région de Tlemcen ou non, le font aussi. Ceux-là sont des
serfs consentants.
Dans la course, le premier projecteur a été braqué sur l’actuel Premier ministre,
Abdelmalek Sellal, passant pour avoir la confiance de Bouteflika, et investi
d’une certaine autonomie, du moins en apparence. Après ce qu’on a vu de sa
faible expression orale, si on le voit toujours présidentiable c’est qu’on n’a
personne d’autre ou qu’on prend le peuple pour de la plèbe. Une explication n’empêchant
pas l’autre. Dans l’ombre des projecteurs, Ahmed Ouyahia, détesté par trop
d’Algériens, et Mouloud Hamrouche qui n’aurait toujours pas l’intention de se
présenter. Ce qui attire l’attention dans la candidature d’Ali Benflis, c’est
le fait qu’il bénéficie du plus grand nombre de fans sur les réseaux sociaux.
C’est-à-dire là où il y a le plus de critique du système et, en même temps, le plus
de faussetés qu’au journal télévisé. On se rappelle aussi de cet inhabituel sondage
qui l’avait donné gagnant avec 87% d’intentions de vote. Sans connaître les détails de son programme
pour le soutenir ou non, j’ai de la considération pour Ahmed Benbitour depuis
que, Premier ministre, il avait préféré partir, en 2000, plutôt que d’être un
pantin. Je passe outre les lièvres anciens et nouveaux et les candidats
islamistes que le Printemps arabe devrait disqualifier. Je dis, quand même, sur
la candidature de l’écrivain Mohammed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra, que la
facilité avec laquelle ses tribulations avaient pris fin, pour devenir
directeur du Centre Culturel Algérien à Paris, jette le doute sur son
authenticité.
Bien que mal en point, Bouteflika reste le personnage central de ces
élections. S’il ne se présente pas, il est impératif qu’il désigne un
remplaçant, afin que le challenger soit étiqueté candidat du changement. Avec deux
candidats non identifiés par le président sortant, il y aurait risque de dégénérescence
ou d’implosion. Le candidat qui l’emportera sera celui qui saura faire le
consensus auprès des deux tendances. Elles-mêmes le cherchent, elles sont trop
intelligentes pour ne pas le faire. C’est là qu’il devra
convaincre, tout en jouant le jeu de la campagne publique. En attendant que la girouette électorale se
stabilise et dissipe le smog politique, je dis encore une fois que le véritable
changement ne peut venir que des citoyens, par la conscience que traduisent la
position et le comportement. A nous observer, ce n’est pas pour tout de suite.