vendredi 11 juillet 2014

Algérie-France : Entre défilé et parade au 14 Juillet


Trois officiers de l’ANP (Armée algérienne) participeront au prochain défilé du 14 Juillet à Paris, en paradant Place de la Concorde. C’est à côté ou au bout des Champs-Elysées. Est-ce de la reconnaissance ou de la relance économique ? La prospection française pour le gaz de schiste algérien fait privilégier la deuxième hypothèse.

Depuis que Abdelaziz Bouteflika est président, les concordes sont aussi fréquentes et incertaines que les révisions de la Constitution. Hier Concorde Civile, maintenant Place de la Concorde. Je ne dis pas que les deux sont comparables et je suis pour la réconciliation. Je dis que nous avons perdu des vies et que nous allons perdre l’eau du Sahara. Le plus malheureux c’est que les bénéfices engendrés par l’exploitation de notre gaz de schiste rempliront nos couffins au lieu de pallier notre rente.

Le regard sur le Français d’origine algérienne change peu ou prou, lui. On ne saura toujours pas combien brandiront le drapeau algérien en France, hors 14 Juillet, pour commémorer les mines et combien le feront pour miner. Pourtant, la pérennité et l’intensité des liens entre l’Algérie et la France ne sont plus à démontrer, et ces Français en sont un pilier pouvant porter plus que des urnes, des produits halal et des mosquées.

Une journée à part aurait été acceptable. Commémorer la participation d’Algériens à la Première Guerre, le jour de la fête nationale française, veut dire que ces Algériens (dits Français musulmans, à l’époque) étaient bel et bien des Français, et qu’ils avaient participé à cette guerre pour libérer la France et non pas le monde. On pourrait en déduire plus mais, dans l’immédiat, qualifier la Guerre de libération algérienne de « Révolution » prend tout un sens. On se révolte contre un tyran autochtone et non pas contre un colonisateur venu d’ailleurs. Je positive en disant que ça  pourrait au moins nous faire libérer du nationalisme dans lequel nous acceptons d’être enfermés, et qui est différent du patriotisme.

Il ne faut pas s’arrêter à la repentance de la France. On situe mal les responsabilités en exigeant que l’autre les dise, on le fait en écrivant sa propre version de l’Histoire et en la confrontant à celle de l’autre. Mais si l’Histoire contemporaine de l’Algérie s’écrit toujours difficilement, c’est bien pour écarter toute concurrence à la légitimité historique et exclusive du FLN.

La France ne nous proposera pas un transfert de savoir-faire industriel, elle n’aurait plus rien à nous vendre. Elle nous proposera plus de projets clés en main et plus de visas. Plus d’Algériens défileront devant les consulats français ou paraderont à l’entrée des hôpitaux français de luxe. On se doute bien que le traitement ne sera pas le même pour tous.

Hichem Achi

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