mercredi 17 juillet 2013

Que revient faire Bouteflika ?

Bouteflika est de retour à Alger, accompagné d'un communiqué qui dit : « Ayant achevé la période de soins et de réadaptation fonctionnelle qu’il suivait en France, M. le président de la République a regagné Alger ce jour, mardi 16 juillet 2013, où il poursuivra une période de repos et de rééducation ». Pas de changement notable, donc, même si on pourra dire que la réadaptation est différente de la rééducation et même si les images qu’en a montrées la télévision sont l’acte deux de la mise en scène de la réunion de travail aux Invalides.

A l’évidence, Bouteflika est dans l’incapacité d’assumer ses fonctions. Que revient-il faire à Alger ? Pourquoi ne poursuit-il pas sa rééducation en France, maintenant que la honte est bue et que tout le monde sait qu’aucune structure sanitaire algérienne n’est capable de le prendre en charge ? Sa santé étant ce qu’elle est, peut-être son retour permet-il des choses qui auraient été indiscrètes en France, genre imminent. Rassurer l’opinion publique n’est plus nécessaire. Formatés à l’idée du chef qui décide de tout, les Algériens ont compris que le pouvoir décisionnel est ailleurs, en voyant que le pays a fonctionné pendant les 82 jours d’absence du président. Ils ont le sentiment que Bouteflika les a leurrés puis abandonnés. A moins qu’on veuille calmer certaines parties de la population.

On ménage les chômeurs en colère de Ouargla et on chouchoute la Kabylie. Les deux sont liés et, comme chacun sait, pour être recruté à Ouargla il faut passer par Tizi Ouzou. Comme quoi, revendiquer son identité n’empêche pas de faire des calculs. Successivement, Tizi Ouzou a le taux le plus élevé de réussite au baccalauréat 2013, le Conseil des ministres adopte une liste de 300 prénoms kabyles alors qu’il ne s'était pas réuni depuis décembre 2012, le Premier ministre annonce un budget complémentaire de 1000 milliards de centimes pour la wilaya et promet de l’accompagner dans son développement. Le président de la République n’avait pas fait mieux, lui qui avait fait le kabyle (tamazight) langue nationale sans référendum. Désormais, si on est kabyle, on est susceptible de rallier la cause des séparatistes et on a donc une chance de devenir privilégié, à côté des anciens moudjahidine, de leur descendance et des terroristes repentis. Et tant pis pour les non-fauteurs de troubles.

Les félicitations au chef d’Etat se succèdent, plus intéressées les unes que les autres, et le Fln fera peut-être une trêve interne, en retrouvant un patron virtuel qui ne fera plus peur mais qui fera patienter. L’Assemblée nationale ne peut plus déclarer le président inapte à diriger, puisqu’il est officiellement en meilleure santé. Si les décideurs le convainquent, il démissionnera comme Bendjedid en 1992 et Zeroual en 1998. L’Algérie deviendra la République où les présidents démissionnent le plus, pour mourir dans un lit ou parce que les moutons ne méritent pas mieux. Une forme d’alternance où seuls les super électeurs votent, et qui n’est pas certaine d’éviter le Printemps ou de garantir l’unité du territoire.

Hichem Achi

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