mardi 5 avril 2011

Gastronomie française et créativité arabe



Le 4 avril 2011, lors de l’émission Complément d’enquête diffusée sur France2, on a parlé du déclin présumé de la gastronomie française : depuis 2002, aucun Chef français n’avait été désigné Meilleur Chef de l’année au niveau international.

Pourtant, à écouter parler les intervenants, on se rend compte que cette gastronomie se porte bien. Le chiffre d’affaires de la gastronomie française a nettement progressé, le nombre de clients également. A la question de savoir si les Français mangeaient mieux, on a répondu qu’ils mangent plus sain et plus équilibré. De quoi s’inquiète-t-on alors ? Le fait que certains Chefs servent aux clients des plats surgelés inquiète. Les Français s’inquiètent parce qu’ils ne veulent pas s’endormir sur leurs lauriers et ils ont raison. C’est comme cela que se gardent les acquis.

A propos de cette créativité si fièrement affichée, qu’en est-il de celle des Arabes ? Improvisons un dialogue pour y répondre.

Q : Pourquoi la cuisine arabe stagne-t-elle ?
R : Les Arabes ne sont pas créatifs. Il est impensable que des plats aussi savoureux que le djari bel frik (à Constantine : soupe à la tomate et au blé moulu) ou le tajine el ‘ayn (tajine de pruneaux) n’aient pas donné de plats dérivés.

Q : Mais alors, comment se fait-il qu’ils aient crée des choses dans le passé ?
R : Du fait de leur cohabitation avec les autres races, comme en al-Andalus.

Q : Justement, le djari et le tajine el ‘ayn sont des preuves de la créativité des Arabes, non ?
R : Le djari et le tajine el ‘ayn sont des plats ottomans, pas arabes. C’est aussi le cas du baklava et des autres pâtisseries et confiseries au miel et aux noix ou aux amandes.

Q : Comment ça, ils ne sont pas créatifs, Avicenne n’était-il pas un des plus grands médecins et philosophes du Moyen-Âge et Ziryab n’a-t-il pas composé les 24 noubas du malouf et de la musique andalouse ?
R : Ils étaient musulmans, pas Arabes. Avicenne était Persan et Ouzbek et Ziryab était Kurde. Puis, ce dernier n’a pas composé les noubas du malouf puisqu’il a vécu au IXe siècle alors que le muwashshah et le zadjal, qui sont les formes poétiques de la musique andalouse, ont été inventés au XIe siècle.

Q : Et Mahomet (qsssl), il n’était pas Arabe ?
R : Mahomet (qsssl) avait la révélation (el wahy) qui le dispensait d’être créatif. Allah lui dictait ce qu’il devait dire ou faire. S’il avait été créatif, on l’aurait accusé d’avoir composé le Coran.

Q : Alors pourquoi son message a-t-il été révélé aux Arabes ?
R : Si les Arabes étaient créatifs, ils auraient été satisfaits de leur autosuffisance et ils auraient failli à leur mission qui est de transmettre le message de l’islam. Comme ils ne le pouvaient pas, ils étaient obligés de vivre avec les autres. En al-Andalus, cette cohabitation a existé et a donné des résultats incroyables dont les retombées positives sur le monde moderne sont indéniables. Lorsque les Arabes se sont isolés, volontairement ou à cause de la colonisation, ils ont décliné.

Q : N’y a-t-il pas d’exceptions ?
R : Il y en a toujours. Mais quand on s’isole, la créativité diminue, et quand on s’ouvre aux autres, elle augmente.

Q : Quelle serait la solution ?
R : Rompre avec les absurdités comme le panarabisme ou l’algérianisation et s’ouvrir sur le monde.

Q : Cela ne risque-t-il pas de faire perdre aux Arabes leur identité ?
R : C’est à eux de savoir la préserver sans la momifier. La fusion des civilisations est une règle dans l’Histoire et celles qui s’isolent périssent. Et puis, quand on a des racines solides, il ne faut pas avoir peur d’étendre ses branches.

La véritable identité arabe n’est pas dans l’accoutrement. Elle est dans sa langue, certes, mais elle est aussi dans son légendaire sens de l’hospitalité, dans le respect de la parole donnée, dans l’entraide et la compassion. En un mot, l’identité arabe est dans les valeurs de l’humanisme que beaucoup ont abandonné et qu’ils gagneraient à recouvrer. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire