lundi 11 avril 2011

Ni putes ni soumises et ni intégristes ni islamophobes





Ayant visité le site de l’association ni putes ni soumises et suivi quelques liens qui gravitent autour, pour les besoins d’un de mes articles, j’ai été sidéré par le nombre de personnes qui en veulent à cette association. Je ne parle pas de ceux qui s’expriment par le débat d’idées, dans le respect de la différence, même s’ils font des reproches.

L’échec politique a médiatiquement éclipsé Fadela Amara. Je lui dis qu’aux Etats-Unis, on réussit son entreprise au bout du cinquième essai en moyenne. Quand on fait faillite, vos amis vous organisent une réception et vous félicitent pour votre faillite car c’est le métier qui rentre. On peut se retirer pour se ressourcer et mieux redémarrer mais on ne se retire pas comme ça pour de bon, surtout quand on a toute sa place. Ce qui ne m’empêche pas de noter que Sihem Habchi n’a rien à lui envier en matière de dynamisme.

Rama Yade a épousé un juif. Et après ? Enfant, elle se rendait aussi bien à l’école catholique qu’à l’école coranique et son beau-père est un Yiddish qui a échappé à la Shoah. En tant que musulman, je ne mange pas de porc mais j’ai de l’indulgence pour Rama Yade la ministre qui n’a pas pu refuser de goûter au saucisson qu’on lui offrait pendant une de ses visites de terrain. Un signe qui ne trompe pas sur sa volonté de ne pas froisser l’autre. Je ne suis point surpris par sa tolérance quand je sais qu’elle est originaire du seul pays africain qui n’a jamais connu de coup d’Etat.

A son tour, Sophia Aram a cassé le tabou en épousant un protestant. Je l’ai entendue dire qu’elle, et son mari, n’avaient pas laissé le choix à leurs familles respectives. Cela confirme que l’amour transcende les frontières et que le mariage mixte est une preuve d’ouverture. Je la félicite pour son courage et je lui dis qu’elle se méprend sur deux points. D’un, Dieu n’est pas le chef de l’homme qui est à son tour le chef de la femme. C’est l’homme qui tient à être le chef de la femme mais cette dernière n’a pas besoin de lui pour s’adresser à Dieu. Je sais que la caricature est indispensable pour l’humoriste qu’elle est mais j’ai eu l’impression que c’est ce que Sophia Aram croit hors scène. De deux, il n’est pas interdit pour un musulman de douter. Le Coran raconte l’histoire d’Abraham (qsssl) qui demanda à Dieu de lui montrer comment il ressuscite les morts1. Dieu lui demanda : « N’es-tu donc pas croyant ? » et Abraham (qsssl) répondit : « Si, mais pour que mon cœur soit rassuré ». L’histoire raconte comment Dieu lui accomplit un miracle. Démonstration qui prouve qu’il lui a admis son doute alors qu’il était déjà croyant et qu’il l’a rasséréné.

Là, j’ouvre une parenthèse de taille. Cet épisode du Coran est une leçon. L’action de rassurer et de rasséréner est vitale face aux doutes qui assaillent les humains. Individuellement ou communautairement. Ainsi donc, les femmes ont besoin d’être rassurées sur leur beauté. Séduire est inné (donc divin) chez les femmes et elles n’ont pas besoin de cacher leur beauté sous une burqa ou sous un voile intégral. De même, les musulmans français d’origine arabe ont besoin d’être rassurés pour comprendre que ceux qui sont choqués de les voir bloquer un passage public pour prier ne sont pas nécessairement islamophobes. Tout aussi bien, les Français non musulmans ont besoin d’être rassurés pour comprendre que l’islam n’est pas dangereux sans leur cacher que l’intégrisme religieux l’est. A plus grande échelle, le peuple a besoin d’être rassuré pour comprendre que, malgré les difficultés et les crises, il ne faut pas baisser les bras et qu’on ne récoltera demain que ce qu’on sème aujourd’hui.

Je referme la parenthèse et je reviens à cette question de l’endogamie religieuse pour constater qu’elle n’a pas rapporté aux pays musulmans que de l’essor. Les mélanges sanguins sont une richesse et les pays à melting-pots ont toujours eu une longueur d’avance sur les autres. Alors, pour les musulmans, peut-être les enfants nés de mariages mixtes sauront-ils mieux être à la hauteur.

Suis-je en train de dire que les mariages mixtes sont un atout ? Oui et dans les deux sens. Ils auraient même pu faire éviter ou limiter la confusion actuelle entre islam et traditions de pays musulmans. Je m’explique.

L’immigration n’est pas en soi source de problèmes, elle s’est accompagnée de problèmes. Les anciens processus d’adaptation (on appelait ça intégration) s’avèrent aujourd’hui n’avoir pas été au point. Plus précisément, c’est le regroupement familial qui a été le plus mal géré. S’il n’avait pas été aussi massif, les immigrés se seraient plus souvent mariés avec des Françaises de souche et la mixité serait devenue mixtion.

Les épouses venues du Maghreb étaient rarement instruites. Cloîtrées, elles ont tout naturellement perpétué le mode de vie maghrébin et transmis des traditions en guise de dogme. Elles pensaient qu’avec ça, elles éviteraient l’acculturation à leurs enfants. Un réflexe dicté par la peur de faillir à sa mission éducatrice, sur fond de religion et avec la vivacité du souvenir de la colonisation.

Pendant longtemps, les hommes ont dominé les femmes. Pour autant, il ne faut pas fuir en avant en déifiant la femme ou en affirmant que les deux sont identiques. L’homme et la femme sont égaux en droits et en devoirs. Ils ne le sont pas en sensibilité ou en aptitudes physiques et les cas exceptionnels ne changeront rien à ces natures. Il serait injuste de demander aux athlètes femmes de s’aligner sur les records de leurs homologues hommes, par exemple. De là, je dis que dresser les femmes contre les hommes est insensé. Les deux ne doivent pas se combattre mais se compléter.

Je ne veux pas faire le procès du féminisme. Je dis juste que, dans son élan des années 1960, il a laissé les hommes de côté, ce qui a engendré une grande incompréhension entre les deux sexes. Je ne crois pas non plus que les femmes soient plus intelligentes que les hommes. Il y a des femmes intelligentes et d’autres qui le sont moins. De même, il y a des hommes intelligents et d’autres qui le sont moins. Cela est valable pour toutes les races et pour toutes les religions. Je donne des exemples.

Chez les femmes : il y a Dounia Bouzar qui dit que ce que veulent les musulmans (de France) ce n’est que le respect de la loi de 19052 et il y a Wassyla Tamzali qui pense que l’islam modéré est un gadget politique et qu’on ne peut pas être musulman et modéré à la fois3.

Chez les hommes, il y a Ghaleb Bencheikh qui dénonce le fait d’interdire aux Saoudiennes de conduire une voiture dans leur pays et il y a Chems-eddine Hafiz qui reproche à Jean-François Copé de lancer le débat sur la laïcité sans rencontrer le CFCM et qui reconnaît, en même temps, avoir refusé toute rencontre4.

Sur la question du courage, par contre, je pense que les femmes sont plus courageuses que les hommes. Ah, enfin ! Se diront certaines.

D’abord, les hommes qui pensent le contraire ne sont pas tous motivés par le sexisme. Ils limitent le courage au seul courage physique, attendu lors d’une guerre, par exemple. Maintes fois, les femmes ont pris les armes, mais la tradition d’envoyer les hommes faire la guerre plutôt que les femmes découle de deux soucis : utiliser l’atout de la force physique des hommes et préserver les femmes car ce sont elles qui procréent. C’est donc une question de force physique et de perpétuation de la race et nullement de manque de courage chez les femmes.

Le courage dont je parle et pour lequel les femmes nous surpassent, c’est celui de dire ce qu’on pense. Je ne sais pas si les femmes disent plus volontiers ce qu’elles pensent parce que leur sensibilité les rend spontanées. Les hommes, eux, se retiennent de le faire parce qu’ils ont peur d’être pointés du doigt et d’être mis sur le ban de la société. A cause de cela, ils font tourner leur langue dans leur bouche avant de parler. Si seulement ils la faisaient tourner plus souvent, cela nous éviterait d’entendre bien des bêtises.

En résumé, les hommes sont courageux physiquement tandis que les femmes le sont physiquement et moralement. Elles sont donc plus courageuses que les hommes.

Invité sur le plateau de la semaine critique le 8 avril passé, le réengagé vétéran Stéphane Hessel l’a également reconnu et a même avoué n’avoir connu de sa vie que deux hommes courageux : Charles de Gaulle et Pierre Mendès-France. Son témoignage a du poids car c’est celui d’un homme au passé glorieux.

Chez certains, le « garrotage » cérébral et l’unicité de pensée ne se limitent pas à la question de la femme. Un seul dieu, un seul président (Boumediene pour les Algériens), une seule langue, etc. Avec les œillères qu’ils portent actuellement, ils traduisent « émancipation » en « débauche ». J’évite la facilité de crier à la croisade contre l’islam. Certes, l’islamophobie est une réalité et la peur de l’islam fait gagner des points aux sondages d’intentions de vote en France. Cependant, l’islam n’est que ce qu’en font les musulmans et force est de constater que ce qu’en font ces derniers (sans jeu de mots) n’est pas toujours objet de fierté.

Les femmes musulmanes sauront éviter écueils et pièges pour mener leur sereine et légitime révolution et les hommes sensés les y aideront. Quant aux hommes musulmans qui refusent d’évoluer, il devraient prêter attention à ce que disent les humoristes qui sont doublement émérites puisqu’ils font d’abord rire puis réfléchir. S’ils ne veulent pas écouter Sophia Aram sous prétexte que c’est une femme, qu’ils écoutent alors Fabrice Eboué dire : « Un juif, c’est rien d’autre qu’un musulman qui a réussi ». Ils devraient donc s’occuper à réussir plutôt que d’invectiver ceux qui ne leurs ressemblent pas, surtout quand ceux qui ne leur ressemblent pas réussissent.



Notes :

1. Sourate 2 (Les vaches), versets 260.

2. Cf. Islam, laïcité : débat utile ou stigmatisant ? Edition on-line de Le Monde.fr.


3. Emission Ce soir ou jamais du 9 février 2011 sur France3.

4. Ce soir ou jamais du 30 mars 2011.

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