mercredi 22 mai 2013

Bab el Oued ou le déluge de nos malfaisances



Le quartier de Bab el Oued est une fois de plus inondé. D’autres quartiers d’Alger et d’autres wilayas aussi. Le gouvernement débloquera sûrement et heureusement une aide d’urgence et fera appel, peut-être, à la générosité des Algériens. Leur générosité est à saluer. Elle prouve que leur solidarité est seulement tiédie par la suspicion générale, elle-même nourrie par la chronique des détournements de deniers. D’autres Algériens attendent sans doute cette aide et salivent en faisant leur étude de marché parallèle, pour ce dont ils délesteraient les rescapés. Ces bandits de tous chemins semblent prendre la revanche du shérif sur Robin des Bois, en gardant la force de Petit Jean et en arborant étoile et croissant à la place de sa croix. Contrairement à Richard Cœur de Lion dans le conte, le Président Bouteflika n’est pas parti en croisade, ni à Paris ni à Alger. Qui attendre pour se plaindre, alors ?

Revenons au climat. Lui et le relief sont en grande partie responsables des inondations, moins de leurs conséquences. En 2001, on avait pointé du doigt la régularisation de constructions en zone inondable pour afficher une réduction du déficit en logements sociaux, ainsi que l’obturation de canaux d’évacuation des eaux. Les inondations de cette fin mai 2013 font déjà dénoncer le manque d’entretien des conduites d’évacuation souterraines et leur sous-dimensionnement. Des faits d’Algériens qui nous disent que, à différents degrés, nous sommes tous responsables de nos malheurs.

Après novembre 2001, mois de noyade pour des Algériens et de festin pour d’autres, les prochains jours nous diront si les pertes humaines des précédentes inondations auront fait réfléchir ou repentir. J’aurais préféré qu’il n’y ait pas encore mort d’homme pour le savoir. Je sais que des Algériens attendent d’être à leur tour en poste pour se servir, pour prendre ce qu’ils considèrent comme leur part de richesse spoliée. Je leur rappelle que s’ils ne prennent pas soin de leur pays, des étrangers le feront à leur place et à leur manière. Le nouveau shérif et sa horde auraient la mauvaise foi des locaux, desseins internationaux en plus et condescendance de compatriotes en moins. Et Robin des Bois restera un héros de télévision.

Hichem Achi

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