lundi 13 mai 2013

Le contre-Etat algérien



En ces temps de maigreur économique, même des pays riches se serrent la ceinture. L’Algérie n’a pas de ceinture à son baril et ses hydrocarbures se veulent aussi inépuisables que sa démagogie. L’austérité arrivera, pourtant, et elle touchera les Algériens sans leurs députés qui n’auraient pas encore augmenté leurs indemnités débattues il y a six mois. Nous devrions les remercier de compatir, avec ce sursis, à notre paupérisation. Dans la difficulté, un pays doit savoir encore plus de quels atouts il dispose et, plus important, comment les exploiter au mieux. Ce à quoi la rente pétrolière n’est pas la réponse des planificateurs. Enfin, pas tous.

Le Sud de l’Algérie est en train de s’en isoler dangereusement. Aux chômeurs de Ouargla, qui dénonceraient leur handicap régional aux yeux de Sonatrach, s’ajoutent les contrebandiers mécontents de la fermeture de la frontière avec le Mali. Rien qu’en considérant ces deux problèmes, on comprend que certains ne voient l’algérianité du Sahara que dans les bulletins météorologiques. Les puissances qui salivent sur nos sous-sols se motivent de leurs taux de croissance et ambitionnent de gagner une des ders pour ces minerais-là. Elles n’étonnent donc pas. Par contre, que le parti marocain Istiqlal veuille redessiner des frontières communes que son pays reconnaît, donne une idée de comment on nous jauge en ce moment. Tout cela alors qu’on cache le président à sa République comme on cache les choses sérieuses aux enfants. La situation est pour le moins préoccupante.

Je me tourne vers ce qui aurait pu être une société civile. Dans le monde du travail, un corps après l’autre réclame des augmentations. Au lieu d’épuiser les réserves nationales de change, on devrait les utiliser à développer les projets de l’après-pétrole, à améliorer les télécommunications pour ne plus être pris de vitesse par la 3G de la Somalie, à améliorer la qualité de l’enseignement pour ne plus diplômer d’analphabètes, à réhabiliter les hôpitaux publics pour qu’ils soignent nos puissants et ne tuent pas nos faibles. Le premier syndicat du pays, lui, soutiendra le prochain candidat du régime aux présidentielles, avec ou sans son patron hospitalisé en Suisse par respect au prolétariat. Pour se maintenir et maintenir, le gouvernement prend des mesures soupapes de pression. Il vient, par exemple, d’exonérer d’intérêts les prêts destinés aux jeunes entrepreneurs de l’Ansej (Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes). Moyennement encourageant pour ces jeunes, à la merci de fonctionnaires musulmans qui voient «haram» le vin et «halal» son pot.

Je n’attends rien de ce régime qui ne pourrait pas s’autodétruire par un changement, et qui ne pourrait pas préserver les richesses qu’il dilapide. Je n’attends rien de ce gouvernement qui souhaite peu rétablissement à un président qu’il suppliait de devenir monarque. J’attends que les Algériens se réveillent. Qu’ils arrêtent de fantasmer sur Boumediene qui a enraciné ce qui les piétine. Qu’ils arrêtent de croire que nos frontières sont des murailles à nous passer de pragmatisme. Je leur dis que la richesse de leur pays est une partie de leur problème et que leur comportement en est une autre. Je leur rappelle que leurs devoirs sont les droits des autres comme leurs droits sont les devoirs des autres. Que l’Etat est plus qu’un gouvernement ou que des collectivités locales et qu’il est l’ensemble des services publics, du responsable au préposé. Je les appelle à enfin bâtir cet Etat, en s’appliquant dans leurs tâches et en n’ignorant aucun citoyen. Notre contre-Etat est la preuve de notre inconscience et c’est à cause de cette inconscience que notre service public affiche vacance et malfaçon. La vacance allèche l’intrus et la malfaçon nourrit la mal-vie. Celle dont chacun rend l’autre responsable.

Hichem Achi

2 commentaires:

  1. salam alikoum,

    si Achi,

    vos écrits sont bel et bien fort, mais seront bcp meilleur si vous utilisiez un vocabulaire moins embêtant ( surtt sur le facebook ) car tout le monde n'est pas aussi académique que vous.

    merci

    RépondreSupprimer
  2. Wa alikoum salam.

    Lorsque j'écris, je choisis les mots qui traduisent le sens précis que je veux dire et il n'y a pas de synonymes qui veulent dire exactement la même chose. Je sais que certains mots que j'utilise sont moins courants que d'autres et je m'excuse que cela vous embête. Cordialement.

    RépondreSupprimer