vendredi 21 juin 2013

Les Algériens, leurs élus, leurs oulémas.

En Algérie, des candidats à la présidence de la République bougent et on essaie de les discréditer ou de les booster. Les amateurs de restes de votes et de festins attendent de connaître le candidat du système pour faire, contre lui, une campagne volontairement faible pour le montrer fort. Ou alors pour dire qu’ils ne peuvent pas être candidats car celui du système est, comme ses prédécesseurs, le seul sauveur possible du pays.

Pourquoi le président de la République ne se déclare-t-il pas lui-même dans l’incapacité d’assumer ses fonctions ? Est-ce un fol espoir de quatrième mandat ou une persuasion accompagnée de gâteaux au miel, aux Invalides ? Il sait que, quelles qu’aient été ses promesses et ses réalisations, son bilan est un échec.

L’Association des oulémas algériens ne parle pas de la situation politique dans son pays. Pourtant, est éminemment politique sa présence au Caire, le 13 juin 2013, pour établir la position de la Ligue des oulémas musulmans sur la question syrienne. Quoi qu’il en fut, elle a bien fait d’y aller, la chaise vide aurait pu être occupée par nos salafistes religieux et suggérer à nos salafistes politiciens un gouvernement parallèle. Elle a bien fait de ne pas être d’accord pour l’exclusion des oulémas chiites. Elle a bien fait de ne pas appeler les non-syriens au djihad contre Bachar el-Assad. Mais, pourquoi ne demande-t-elle pas à l’Assemblée algérienne de prendre ses responsabilités ? Son deux poids, deux mesures, montre que, comme dans les autres pays musulmans, nos officiels oulémas sont au service du politique. J'ai du mal à croire que cette allégeance est sans contrepartie. Les musulmans doivent arrêter de regarder aux avis et fatwas des oulémas d’ici et d’ailleurs, le temps où la science ne s’acquérait qu’en se déplaçant au péril de sa vie est révolu.

Entre affaiblis et renforcés par l’incapacité de Bouteflika, les deux solutions présentent des inconvénients. En organisant des élections on risque d’être écarté du pouvoir, en se passant d’élections on risque de provoquer un Printemps algérien. Se passer d’élections tout en évitant le Printemps n’est pas impossible, cependant, et c’est ce vers quoi nous mène la léthargie de l’Assemblée. La déliquescence et le ras-le-bol général, qui s’installent, justifieraient cette « solution ». D’autres éléments aideraient à la justifier ou à l’adoucir, comme la présence d’Aqmi au Sud du pays, ou le rassemblement des partis islamistes à Sidi Fredj, le 14 juin 2013, brèche éventuelle pour l’engouffrement du Fis relooké.

Que faire ?

Appeler l’armée à intervenir, comme a eu tort de le faire Mohamed Mechati, est anticonstitutionnel. Appeler Bouteflika à reprendre ses fonctions est une sottise. Sortir dans la rue ouvrirait la voie au chaos. Ce qu’il faut faire, c’est appeler l’Assemblée à prendre ses responsabilités, en déclarant l’état d’empêchement du président. Le pays est dans un tournant dont la signalisation est cachée par le pessimisme général et occultée par le calcul politique. Les Algériens pourraient faire la différence en faisant la révolution. Pas celle à laquelle les avait conviés Karl Marx, ni celle de la décennie noire. Celle où les ennemis sont l’égoïsme, le je-m’en-foutisme et le fatalisme. Le veulent-ils ? C’est la question qui fera d'eux une population ou une nation.


Hichem Achi

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