mercredi 26 juin 2013

L’été des trônes arabes

L’émir du Qatar (61 ans) a cédé son trône à son fils Tamim (33 ans). Décidément, ce prince est atypique. Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani avait pris le pouvoir en déposant son propre père, en 1995. Pareille abdication n’est pas arrivée depuis longtemps dans les monarchies arabes. Possible que ce soit là un choix aussi libre que ceux de Bendjedid et de Zeroual qu’on avait démissionnés de la présidence de la République algérienne, respectivement en 1992 et en 1998. Je doute que Bouteflika apprécie ce qui se passe au Qatar. Hamad était l’alibi qui transforme l’échec de sa politique étrangère de ces dernières années en complot, et l’idée même de l’abdication lui fait sécréter une bile supplémentaire. Du reste, on l’a sans doute prié de faire comme s’il n’en avait pas entendu parler, pour le moment. J’observe le ménagement qui accompagne l’abdication des reines des Pays-Bas et d’Angleterre, cette dernière étant en préparation. Des monarchies constitutionnelles, beaucoup moins influentes sur la vie politique de leurs pays que ne le sont les arabes, proclamées ou non. Dans le passé, les monarques se sont rarement souciés du bonheur de leurs peuples, ce sont les peuples qui leur ont imposé de s’en soucier. Qu’attend le nôtre pour respecter son pays et se faire respecter ?

Loin du Qatar, sauf par les insultes, et à l’approche du ramadan, mois de piété et de compassion exprimées par la hausse des prix, les Algériens se demandent s’ils doivent se payer des vacances ou un couffin plus grand. Les babines seront plus fortes que la transpiration. Puis, à quelle plage aller, puisque les Algériens vont majoritairement à la plage, en été ? Nos plages sont sales sans touristes, parfois chères et pas aménagées malgré les plagistes et les gardiens de parkings qui se sont accaparés le sable et les trottoirs du peuple. Les plages tunisiennes, elles, traditionnellement florissantes d’Algériens, font craindre la baignade voilée, plus surveillée et plus coûteuse que la douche chez soi. En plus de leur loisir estival préféré, selon le sexe : les mariages dans des salles de fêtes pas insonorisées ou les matchs de foot, les Algériens attendent le plus de viandes et de friandises que leur enverra Bouteflika depuis les Invalides. Peu importe si les exportations algériennes ont fléchi de 8,26 % durant les cinq premiers mois de cette année, nous serions la troisième réserve mondiale de gaz de schiste. Mais, à qui vendre ce gaz si quasiment tous les pays en ont chez eux ? A l’opinion publique algérienne, pardi.

Ramadan ou pas, beaucoup louent Bouteflika, peu voient que Nelson Mandela se fait soigner dans son pays et encourage ses compatriotes à produire pour être la première économie d’Afrique. Beaucoup sont contents qu’Arnold Schwarzenegger implante l’Ong écologiste R20 en Algérie, peu voient que rares sont les usines algériennes qui fument encore et que Renault Algérie sera peut-être écologique mais peu contribuable. Beaucoup abandonnent leurs postes de travail pour suivre les éliminatoires du mondial de foot, peu entendent les Brésiliens hurler, dans la rue, que l’évènement leur coûte trop cher. Beaucoup dénoncent un Occident qui sème la zizanie entre sunnites et chiites, en Irak, en Syrie et ailleurs, peu voient que sunnites et chiites n’attendent personne pour s’exclure, s’entre-tuer ou se lyncher, comme maintenant en Egypte.

Cela fait beaucoup de critiques, je sais. Le problème n’est pas dans leur nombre, il est dans le fait que ce qui est critiqué est le plus souvent le fruit de nos attitudes. Alors, au marché ou à la plage, n’espérons pas de baisse tant que nous n’aurons pas élevé notre esprit et nos aspirations.


Hichem Achi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire