dimanche 15 mai 2011

Cannes raconte Paris


Du 11 au 22 mai, le jury de l’édition 2011 du Festival de Cannes sera présidé par Robert de Niro. Un géant qui ne doit pas son talent (ça s’écrit comme ça) aux bottes d’un chat miaulé par Antonio Banderas. Perrault pardonnera sûrement la numérisation pour les adultes-enfants et pour Selma Hayek. Que l’expo des chaussures de De Niro ait lieu, si cela amuse. Après tout, Eddy Mitchell a bien exposé et vendu ses santiags en apprenant que Walker Bush avait les mêmes.

En ouverture hors compétition, Midnight in Paris, de Woody Allen. Certains ne veulent pas voir le film juste parce que Carla Bruni y apparaît. Carla Bruni n’est pas seulement la femme d’un président critiqué à volonté. Elle est la sœur d’une certaine Valeria Bruni Tedeschi, gentille pas seulement à l’écran, pour prouver que ce calme est de famille. Désolant, que le nom du conjoint arrive à faire oublier la valeur intrinsèque et à interdire de monter les célèbres marches. Nicolas Sarkozy en a fait couler de l’encre et de la salive. Il a également permis à des inconnus de devenirs stars et de vendre beaucoup de livres mais ne permet pas à sa femme de vendre plus de CD. Pas si dispendieux qu’on le dit, comme président. Des attaques indirectes du genre avaient déjà eu lieu dans le passé et on peut citer l’exemple de Audrey Pulvar qui a vu son émission injustement suspendue parce que son compagnon s’appelait Arnaud Montebourg. Il est navrant de constater que ce sont toujours les femmes qui paient. Pour l’égalité des sexes ou par simple galanterie ?

Plus au Sud, c’est l’inverse. Une femme artiste aura toutes les peines du monde à arracher la reconnaissance même si elle a du talent. Il suffit, par contre, qu’elle devienne compagne ou conjointe d’un homme politique pour que les portes s’ouvrent et qu’elle soit cotée en l’absence de marché.

La tendance des politiciens à dévoiler une partie de leur vie privée répond à un autre phénomène : la saturation du public par la politique. Les incertitudes et les peurs conjoncturelles stimulent l’appétit pour les détails. Comme si le fait de savoir qui est le père de la fille de Rachida Dati ou si Carla Bruni est enceinte, allait évacuer les crises. Plus simplement, le public a besoin de savoir que ceux qui le gouvernent ne sont pas des machines qui produisent et exécutent des décrets mais des êtres humains qui ont des sentiments. Valéry Giscard d’Estaing a eu raison de dire qu’aucune tendance politique n’avait le monopole du cœur.

Je reviens au Paris des années 1920 de Midnight in Paris, un hommage à l’entre-deux-guerres et une confirmation du fait que chacun de nous vit avec un cliché dans la tête. Pourquoi pas si ça permet d’être moins malheureux. A Cannes, Woody Allen fait fantasmer le Nouveau Monde sur le vieux quand certains disent ce dernier sénile.

Si Woody Allen était né quarante ans plus tôt (il est né en 1935), il aurait pu connaître l’école de Paris pour s’inspirer de son éclectisme. Il aurait pu côtoyer Aragon, Picasso ou même Breton, pour ajouter une touche plus surréaliste à ses scénarios qui font la part belle à la nostalgie et au regret.

Après les années 1920, Woody Allen est plus apprécié en France qu’aux Etats-Unis mais il ne s’est pas installé à Paris comme il l’a toujours souhaité. Il l’aura quand même fait avec Midnight in Paris, en se projetant en Owen Wilson et en 400 salles. Il n’a pas pu, non plus, rencontrer Brigitte Bardot comme il aurait aimé. Peut-être n’aurait-il mangé que conformément au Guide Michelin après l’avoir rencontrée mais, à coup sûr, elle n’aurait pas pu le persuader de tourner Friday Jambon Beurre in Paris. En 2011, les films d’Allen restent à voir et ses scénarios à lire entre les scènes.

Le 18 mai, seront projetés La Conquête et Pirates des Caraïbes 4 qui ne veut pas vieillir comme les autres trilogies et va au-delà, vers la jouvence. Le premier est intéressant et dévoile une grosse détestation. Le second est sans intérêt et dévoile un gros cachet. La participation maghrébine sera symbolisée, le 20 mai, par le documentaire Plus jamais peur du Tunisien Mourad Cheikh. Je reviendrai dessus inch’Allah.

Le Festival de Cannes est international mais les Algériens n’y ont pas droit. Les droits d’auteurs et la parité du Dinar rendent la chose difficile. Hadopi la rend dangereuse. Pourtant, le festival est censé être une fenêtre sur la culture de la France qui inspire les autres en s’en inspire en retour. Le lucre aura eu raison de tout et tant pis pour ceux qui n’auront pas de Mastercard. A défaut, on se contentera de consommer du froid, ramené à la sauvette depuis les rangs centraux des salles de cinéma françaises qui relaient le festival. Merci Sony !


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