vendredi 13 mai 2011

La fin de Shengen ?




Le Danemark vient de décider de contrôler ses frontières pour lutter contre certains trafics qui transiteraient par l’Allemagne et la Suède. Quelque temps avant, la France avait demandé à revoir les accords de Shengen après le déferlement d’immigrés clandestins que l’Italie évacuait vers le Nord en leur donnant des laissez-passer. Est-ce le début de la fin des accords de Shengen ? Le problème n’est dans la fin ou la continuité de Shengen. Un accord n’est jamais éternel et n’est plus bon s’il n’est pas adaptable aux besoins du moment. Ces accords avaient été mis en place pour faciliter la circulation entre citoyens de pays sensiblement proches en niveaux de vie. Pas pour des voyageurs venant du Sud et que la richesse de leur pays ne sédentarise pas. N’empêche que la droitisation de l’Europe est bien là. Même les partis de gauche s’y mettent et l’un d’entre eux tente de freiner l’immigration tout en camouflant son timide rapprochement de l’opposition par la caution du Sénat. Il faudrait juste qu’on ne se trompe pas de cible en pensant que les seuls coupables sont ceux que désigne l’extrême droite.

Avant la révolte, je comprenais la détresse qui faisait jeter les jeunes du Sud à la mer. Néanmoins, ne serait-il pas plus logique qu’ils restent maintenant chez eux pour bâtir le modèle social qu’ils réclamaient ? Personne n’affirme que ce sera facile, mais peut-être que certains voudraient que ça s’arrange tout seul. C’est dire que les plus virulents, comme Alain Finkielkraut, peuvent parfois avoir raison.

A Constantine, il serait temps que l’autorité comprenne que cette autre migration qu’est l’exode rural, fait plus de mal que de bien dans ses proportions actuelles même si elle est diurne au centre-ville. Le chômage ne peut pas être prétexte à tout et on n’est pas obligé de gêner la circulation pour pouvoir vendre ses pacotilles non imposables.

Une chose est sûre, il n’y a pas que le Parti du Peuple Danois qui doit fêter ce succès et les rabatteurs d’adhérents potentiels aux partis européens d’extrême droite doivent se frotter les mains et les escarcelles. Le questionnement par l’UE et la gêne qui l’accompagne rajouteront à la liesse des ex diabolisés. Au moins, le récent toilettage aura servi à être présentable pour la fête, à défaut de se raser le crâne et de faire le salut nazi, sous la statue de Jeanne d’Arc.

La droitisation de l’Europe traduit une sensation d’insécurité, en grande partie générée par la crise financière mondiale et renforcée par le triste spectacle néo-hellénique. Heureusement que l’art est de quelque secours. Une œuvre comme la sculpture Léviathan de Anish Kapoor, actuellement exposée au Grand Palais, rassure par ses 15 tonnes de PVC (rouge comme un placenta protecteur) et stimule l’imagination, selon les propos des visiteurs. Les gens ont donc besoin d’être rassurés. Qu’ils se rassurent surtout en comprenant qu’il n’y a pas de monde sans problèmes et qu’il leur est impossible de rester dans leur opulence. Les temps sont durs mais pas insurmontables.

La recherche de sécurité à tout prix est un piège. A force d’évacuer le risque on finit par ne plus savoir quoi faire dans la crise. Le Cybercar qui est en cours de testage à La Rochelle est-il l’aboutissement d’une recherche supplémentaire de cette sécurité ? Il est possible qu’il soit pensé pour remplacer progressivement la voiture et étayer le covoiturage. Il gagnerait aussi à na pas détrôner le bon vieux bus qui serait idéalement conduit par des jeunes de banlieues. Ces derniers sauraient qu’on leur fait confiance et laisseraient la caillasse dans les bacs à fleurs.

Contrôler ou limiter les entrées en Europe est du ressort des Européens mais ils doivent savoir que se s’enfermer sur soi serait une erreur fatale et la programmation de sa propre déchéance. Alors, il s’agit de garder la tête froide et de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier.


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