dimanche 29 mai 2011

Roma 11.5.11



Les Italiens s’attendaient à ce qu’un séisme dévaste Rome le 11 mai 2011. Près d’un Romain sur cinq a décidé de ne pas se rendre à son travail ou à l’école, le jour J. La prophétie qui a secoué la toile Internet, s’est accompagnée d’une infinité d’interprétations et d’argumentations. Les alarmistes ont argué que des séismes antérieurs avaient été prévus (ce qui n’est pas nécessairement divinatoire). Les illuminés, eux, ont annoncé la fin du monde pour ce printemps. Ils l’avaient déjà annoncé pour avant mais, comme à chaque fois, il suffit de dire qu’on s’est trompé dans ses calculs. On peut même lire certains relier le médiatisé séisme au Coran. La sourate ar-Roûm a été toute trouvée. Les exégètes du dimanche semblent ignorer qu’en arabe, les Roûm sont les Romains d’Orient (Byzantins), par opposition aux Roûmân qui sont les Romains d’Occident. La numérologie n’est pas en reste, puisqu’elle permet de faire dire ce qu’on veut aux chiffres. Je me permets d’ajouter un trouble pédagogique en faisant remarquer que le séisme de Lorca a eu pour magnitude 5,1 sur l’échelle de Richter. Encore 5 et 11…

Après que le séisme ait épargné Rome, l’humanité se donne rendez-vous pour une prochaine date. Je ne doute pas que les Espagnols rebâtiront Lorca et panseront les blessures. J’espère qu’ils se relèveront du séisme social qui les secoue.

Toujours en Italie, d’autres prophéties attendent de se conforter ou de contredire. Comme celle de la saint Malachie qui dit que le dernier pape s’appellerait Benoît. Je pense à la crise qu’a piquée le pape, interprété par Michel Piccoli dans le film Habemus Papam, mais je m’arrête. En attendant de dater la future ruine de Rome ou de la papauté, les Italiens (et les autres) devraient se rappeler qu’aucune prophétie n’avait annoncé la crise financière mondiale qui les fait souffrir plus que tout le reste.

Bien avant, les Mayas auraient calculé que la fin du monde aurait lieu le 21 décembre 2012, date supposée de la fin de leur calendrier. Or, ce calendrier ne se termine qu’en l’an 2220 et les mayas ne parlaient pas de « fin du monde » mais d’un « nouvel âge ». Une sorte de nouveau monde au sens spirituel.

A chaque fois, la conjoncture des planètes est invoquée pour donner une dimension scientifique qui étaye les dires et les nombres premiers sont à l’honneur. La préférence étant au 11, depuis les attentats de septembre 2001. La soif de connaître son avenir n’a pas fini de solliciter madame soleil et consorts. Tout le monde s’y met. De certains chefs d’Etat comme François Mitterrand à monsieur tout le monde, à travers le zodiaque dont le 13ème signe prédit toujours plus de tirage pour les journaux qui en usent. L’influence des planètes sur l’homme et son environnement pourrait se discuter, le phénomène de marée comme point de départ. Cependant, prétendre que la position des planètes peut révéler l’avenir est une idiotie.

Albert Einstein, lui, n’a jamais soumis l’astronomie à l’astrologie et n’a calculé aucune date pour la fin du monde. Il s’intéressait moins au « comment » le monde fut créé qu’au « pourquoi » de la création et il avait dit qu’il pourrait démontrer, par équation, que Dieu existe.

Comme tous les textes anciens, les prophéties sont une question d’interprétation. On se rappelle la petite panique qu’avait provoquée celle de Nostradamus (1503-1566), qui parlait de « feu » arrivant sur la Terre en 1999. Finalement, il s’agissait d’une éclipse solaire totale. Depuis, Paco Rabane a « fermé sa gueule » comme il l’avait promis mais les illuminés n’ont fait que reporter la date de l’apocalypse.

L’attrait de l’homme pour les prophéties n’est pas uniquement pour résoudre les énigmes. C’est aussi l’aveu du malheur de son présent et de la peur de son avenir. Il gagnerait à relire son Histoire. La mode du divinatoire ira très certainement crescendo et on cherchera de plus en plus les réponses à ses questionnements. Les sectes, elles, n’attendent pas. Elles enrôlent, s’exportent et se modernisent. Elles proposent le bonheur que ne donne pas l’Etat-Nation et la fécondité que ne donne pas Dieu. En un mot, les sectes interviennent lorsque les acteurs traditionnels de la vie ne satisfont plus aux attentes.

A Constantine aussi, des prophéties existent. Il paraît qu’on avait prévu que la ville tomberait un vendredi 13. Ce qui fut le cas en octobre 1837, aux mains des Français. Plus tard, Tahar Benelmouffok dit El M’râbet Tahar (le marabout) avait l’habitude de dire des inepties qui se vérifiaient… C’était sous forme de paroles ou de mises en scène. Voici une des ses prédictions.

Marchant en ville, il rencontra un homme conduisant un âne. Il attrapa l’âne par les oreilles et l’embrassa sur la bouche avant de lui demander : « Comment allez vous, ô très cher ? Ô noble, ô grand Monsieur … ». L’allusion était claire à certains futurs responsables qu’on allait louer malgré leur ignorance.

Lorsqu’on parle de lui, on n’hésite pas à en rajouter. Parfois volontairement, comme cela s’est passé pendant la première campagne électorale du président algérien Bouteflika, durant laquelle on avait diffusé cette fausse prophétie de Tahar Benelmouffok. Je ne me rappelle pas la totalité des mots et j’espère pouvoir corriger le plus vite possible.

الأول مـهـبـول
الثـاني غـول
الثـالـث بـهـلول
الرابع دايرين بيه الـعجـول
الخامس ...
السادس يموت مـقـتـول
و السابع على يده الحُـلول

Je traduis la pseudo prophétie sans la rimer et je rajoute les noms des présidents algériens ou équivalents pour rappeler l’ordre de succession.

Le premier est un fou  : Benbella
Le deuxième est un dragon  : Boumediene
Le troisième est un bouffon  : Bendjedid
Le quatrième est entouré d’imbéciles  : Kafi
Le cinquième est …  : Zeroual
Le sixième sera tué  : Boudiaf
Et le septième apportera les solutions  : Bouteflika

De nos jours, les seules bonnes prophéties et prédictions sont celles basées sur des études scientifiques et des évaluations argumentées. Cela s’appelle faire des prévisions. Des bienfaiteurs essaient de sensibiliser les gens en lançant des prophéties canulars, comme celle écrite et publiée en 1997 par le Canadien Neil Marshall puis arrangée (rajout du dernier vers) par d’autres pour donner l’impression qu’elle parlait de l’écroulement du World Trade Center. Le texte a été traduit comme ceci :

Dans la cité de Dieu il y aura un grand tonnerre
Deux frères seront séparés par le chaos
Pendant que la forteresse endure
Le grand meneur succombera
La troisième grande guerre commencera quand la grande cité brûlera


Je pourrais tout aussi bien m’amuser à en balancer une à propos de l’Algérie. En voila, tiens !

Barbarie se libérera
Après Rome s’élira hoir
A la mer on se jettera
A plèbe ne profite eau noire

Je ne commente pas et je laisse les lecteurs le faire, y compris pour le mélange des temps de conjugaison.
Mahomet (qsssl) a eu raison de dire que les astrologues mentent même s’ils disent vrai. Lui qui a traité la question lorsqu’un fidèle lui demanda « quand aura lieu l’apocalypse ? » et qu’il lui répondit « Et qu’as-tu préparé pour ? ».

Il a également exhorté celui qui va planter un arbre, à le planter même si l’apocalypse commençait au même moment. Magnifique conseil pour nous dire qu’il n’est jamais trop tard pour faire le bien. L’essentiel n’est pas de connaître la date exacte de la fin du monde mais de faire en sorte que le monde soit le meilleur possible jusqu’à sa fin.



1 commentaire:

  1. chikh tahar a dit bcp de chose concernant constantine et s'il etait un marabout ben badis aurait dit sa parole parce qu'il est de la même époque donc ce tahar disait des trucs qui voit ou qu'il sentait in ne sais rien dieu seul le sait
    il parlait du casino-sous terrain-l'exode rural-la dégradation de la vile il était spontané
    wa allah a3lam

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