jeudi 2 juin 2011

Assimigration



Le débat sur l’immigration est relancé. En fait il ne s’est pas arrêté depuis celui sur la laïcité, qui avait été hué. En France, Jean-François Copé a annoncé une convention de son parti pour courant juin, sur l’immigration. Claude Guéant participe déjà au débat et rappelle le constat quasi unanime de l’échec de l’intégration dans sa considération traditionnellement admise.

Contrairement à beaucoup de Français d’origine maghrébine (puisque c’est d’eux qu’il s’agit), je ne crois pas qu’il y ait danger à débattre de la relation de l’islam à la laïcité ou de l’immigration. Le danger est dans le fait éventuel de lier l’immigration au chômage ou à la crise. Les immigrés qui ont participé à créer la richesse ne doivent pas être tenus pour responsables et sommés de quoi que ce soit. Pourvu qu’ils respectent les lois et les traditions, ce qu’ils font bien dans l’ensemble.

Les propos d’un responsable peuvent être sujets à diverses interprétations sans que cela occulte les problèmes. Je ne dirai jamais assez que, si certains Français d’origine maghrébine s’intègrent parfaitement, d’autres ne veulent pas le faire. Ils ne veulent pas par entêtement ou par ignorance et confusion de notions.
J’entends et lis régulièrement ces derniers arguer qu’ils descendent d’une génération qui a participé à la libération de la France et à sa reconstruction après la seconde guerre mondiale. Or, ce qui est en cause, ce n’est pas leur présence en France ou leur pleine possession des droits citoyens. Ce qui est en cause ce sont leurs pratiques parfois choquantes. Ce n’est pas parce qu’on a participé à la libération d’un pays qu’on peut faire ce qu’on veut. On n’embête pas son voisin avec du bruit sous prétexte qu’on l’a aidé à repeindre sa maison. Les devoirs qui se limitent à ce que la loi impose sont les devoirs des moutons. Les devoirs des citoyens sont ceux auxquels ne contraint pas la loi.

Quant à cette histoire de visées électoralistes qu’on érige pour étouffer tout débat, quel parti politique dans le monde ne se saisirait pas des soucis de son peuple pour proposer des solutions et gagner des électeurs en plus ? Un parti qui ne le ferait pas n’aurait aucune raison d’être puisqu’il serait incapable de réagir face aux problèmes de sa société et n’aurait aucune ambition. A écouter ces râleurs, il faudrait qu’aucun homme politique n’initie de débat pour ne pas être taxé de racisme ou de populisme. Puis, quand le malaise grandira, on le taxera de laxisme. Entre ceux qui laissent faire et ceux qui réagissent, les deuxièmes sont toujours les meilleurs. Tel un bus transportant des gens de diverses cultures et origines vers une destination commune mais allant clairement dans une mauvaise direction. On peut laisser faire en sachant qu’on ratera sa destination comme on peut réagir. Il n’est pas impossible de se tromper encore de chemin mais, au moins, on a une chance de trouver.

J’avais déjà développé ma vison des choses sur les notions d’intégration et d’assimilation en disant qu’il fallait inventer un nouveau concept, l’assimigration, qui se situerait entre les deux. L’intégration n’est pas clairement définie dans le sens ou elle suppose simplement des choses ordinaires comme trouver du travail, payer ses impôts et obéir aux lois. L’assimilation, elle, véhicule des connotations négatives depuis l’inconscient collectif, véhiculées par le passé colonial. Alors, de trois choses l’une.

Une : On oblige les citoyens d’origine étrangère à abandonner tout leur background culturel et religieux sous peine de sanctions. Incompatible avec la république. La présidente d’un parti politique français nostalgique du gouvernement de Vichy voudrait aller à l’abolition de la double nationalité. Elle donne pour exemple le poids des Franco-algériens lors d’une éventuelle intervention armée française en Algérie, pour protéger les civils comme en Libye. Abolir ou maintenir la double nationalité ne concerne que les Français dont je ne suis pas. Néanmoins, j’aurais apprécié que cette présidente pense aux Algériens que son père avait torturés avant de penser à ceux que le système algérien mécontente. Je ne suis pas sûr que les morts de la baignoire Susini soient moins nombreux que les morts des attentats terroristes, toutes proportions gardées.

Deux : On laisse chacun faire ce qu’il veut, du moment qu’il ne contrevient pas directement à la loi, même s’il chemine vers la déliquescence de ce qui a été bâti au prix d’efforts et de sacrifices communs. Défaitiste et suicidaire. Le malaise grandira et se transformera en fronde, les crises durables ou passagères servant d’étincelle.

Trois : On trouve une solution consensuelle qui prend en compte les soucis et les attentes de tous les citoyens sans distinction aucune. Il est probable que personne n’en sera totalement satisfait mais chacun donnera du sien et se dira que rien n’est parfait et que rien n’est éternel. En plus de cela, le fait de faire mutuellement des concessions fait acquérir à un peuple le statut de nation. La différence entre les deux étant dans le fait de se sentir individu ayant des voisins ou de se sentir membre ayant des associés. Pour cette troisième solution (du consensus) qui me semble être la seule salvatrice, les débats sont prolégomènes. Alors pourquoi refuser, siffler ou injurier ?

Il faut que ces maghrébins réfractaires comprennent qu’ils sont l’une des principales sources du problème. Qu’ils ternissent l’image de ceux qui se sont adaptés aux traditions du pays d’accueil sans renoncer à leur(s) culture(s) d’origine ou à leur religion. Je ne dis pas qu’ils doivent tout accepter tel quel. Je dis que leur refus de débattre des questions qui les concernent dévoile leur malaise et leur peur de se regarder dans le miroir et leur entêtement finira par les faire détester de tous. Les comportements irresponsables qui ont sapé les pays d’origine ne donneront pas d’essor aux pays d’accueils.

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