lundi 27 juin 2011

Geert Wilders a un peu raison et beaucoup tort



Le politicien néerlandais Geert Wilders vient d’être acquitté pour les quatre chefs d’accusation dont le principal est l’« incitation à la haine », suite à la diffusion de son court métrage Fitna. Je ne vais pas remettre en cause la décision d’un tribunal souverain ni faire un procès à ce politicien qui se fait élire au Parlement Européen pour demander ensuite son abolition. Je vais dire pourquoi il a raison sur quelques points et a tort sur beaucoup d’autres.

Juste pour le rappel chronologique et pour le rappel au calme, Geert Wilders avait multiplié les déclarations que des musulmans ont estimées provocantes, après l’assassinat de Théo Van Gogh, en 2004. Ceci pour son court métrage Submission, dans lequel il montrait une femme au corps imprimé de versets coraniques, pour dénoncer la soumission des femmes dans l'islam. Je m’arrête un instant pour dire que le corps de la femme n’est pas blasphématoire, que la soumission est discutable et qu’il était absurde de tuer Van Gogh. S’il l’a été, c’est n’est pas par une quelconque recommandation coranique mais par le tempérament de l’assassin. Nerveux comme il se doit pour revendiquer son origine des pays du Sud au sang chaud. L’assassin aurait dû se rappeler que Théo Van Gogh avait aussi insulté les Juifs en parlant d'« odeur de caramel » qu'il sent alors qu'on brûle des Juifs diabétiques (ndla : pendant la déportation) et insulté les Chrétiens en parlant de « poisson pourri de Nazareth » en parlant de Jésus (qsssl). Pour autant, Juifs et Chrétiens n’ont pas tenté de le tuer, même si certains avaient souhaité sa mort. Aujourd’hui c’est Geert Wilders qui est menacé alors qu’il ne devrait pas l’être.

Là où Geert Wilders a raison, c’est quand il dit que « nous avons un problème avec l’idéologie islamique ». Cependant, le problème ne vient pas de l’« idéologie islamique » en elle-même mais de la conception de cette idéologie par les musulmans contemporains. Preuve en est, même les pays musulmans ont un problème avec l’« idéologie islamique » dans sa conception par certains de leurs citoyens.

Une fois, un ami m’a dit que les Européens méritaient ce qui leur arrivait. Parce qu’ils avaient privilégié l’immigration de musulmans peu instruits, corvéables à souhait et peu revendicateurs. Dans les pays musulmans, ce sont les plus instruits qui admettent la diversité dans les interprétations et dans les façons de vivre son islamité. Les moins instruits sont les plus « coincés » et ce sont les moins instruits que l’Europe a essentiellement fait venir chez elle. Je parle des premières vagues d’immigration massive.

Là où Wilders se trompe, c’est quand il affirme l’infériorité de la culture islamique à la sienne. Aucune culture n’est inférieure à une autre. Les cultures peuvent être plus ou moins développées dans leur expression ou dans leur philosophie, en fonction du développement de leur dialectique. Elles sont certainement différentes et ce qui est évident quelque part, ne l’est pas automatiquement ailleurs. Un médecin hésitera avant de prescrire un suppositoire à un Etats-unien parce que ce dernier l’avalera. Cela ne rend pas l’Etats-unien inférieur.

Concernant la soumission, je pense qu’elle comporte deux dimensions.

La première : la soumission qui signifie « reconnaissance » de la suprématie de Dieu sur les hommes est celle qui est dogmatique en islam. La profession de foi en elle-même l’atteste. La fausse soumission selon laquelle les croyants doivent se morfondre en adoptant des postures physiques et mentales de larbins, n’est pas du tout requise en islam. L’islam ne veut pas attirer de larbins. Il veut attirer des personnes qui croient en Allah, tout en lui apportant (à l’islam) leurs richesses personnelles et en conservant leurs personnalités. Le Calife Omar ibn al-Khattab avait reproché à un musulman qui priait devant lui de courber l’échine en mimant le repentir. Il voulait lui dire que c’est avec le cœur qu’on atteste de la suprématie de Dieu et non avec le corps. Ce qui ne signifie pas l’inutilité de la liturgie.

La deuxième : la soumission liée au tempérament individuel. Les femmes volontairement soumises à leurs compagnons (il y en a) et les hommes volontairement soumis à leurs compagnes (il y en a aussi) ne sont pas mauvais. Dans la plupart des sociétés, c’est plutôt la femme qui est soumise, mais l’équilibre dans la dualité domination-soumission est assuré par l’entente dans le couple, souvent tacite et de discussion taboue. Cette soumission ne signifie pas de facto la portance sur les pratiques sexuelles de type sado-masochiste. Quant à la soumission forcée, personne ne doit l’imposer à personne.

Il est vrai que la mode tend à libérer tout le monde de tout, avec son gré ou contre son gré. Si elle est si bénéfique que ça, pourquoi cette libération n’arrive-t-elle pas à libérer l’homme de ses envies ou de ses pulsions, souvent causes du malheur des autres ?

On croit toujours que son modèle à soi est le meilleur, sinon on en changerait. Mais, lorsqu’on veut imposer ce modèle aux autres, n’est-ce pas là hégémonie, domination et fascisme ? Joanie de Rijcke ne souffre pas du syndrome de Stockholm juste parce qu’elle a refusé de condamner l'islam après avoir été enlevée et violée par des Talibans. Elle a simplement su faire la différence entre des salauds et la religion dont ils se réclament. Tout comme personne ne condamne le christianisme parce que Hitler a été chrétien. Rendre libre n’est pas affranchir mais permettre de choisir.

Lorsqu’elle s’adressait à Allah, sans intermédiaire, la soufie Rabia el Adawiyya tenait en une main un pichet repli d’eau et, dans l’autre, une torche allumée. Elle lui disait : « Ô Allah, j’aurais aimé éteindre ton enfer avec cette eau et brûler ton paradis avec ce feu. Ainsi, plus personne ne t’adorerait par peur ou par cupidité. Ne t’adoreraient plus que ceux qui t’aiment pour ce que tu es ».

Moi, j’aimerais qu’on arrête d’abuser du qualificatif « islamique ». Rien n’est islamique et tout est musulman. C’est toujours une affaire d’interprétation et, donc, d’hommes. L’islam n’est pas attardé, des musulmans le sont. Seulement, il faut se rappeler qu’ils le sont, entre autres, par la colonisation qui leur a refusé l’instruction dont ils bénéficiaient avant elle. La solution n’est pas dans le rejet pur et simple de leur différence ou l’interdiction de leur livre saint. Elle n’est pas, non plus, dans leur victimisation, alliée de leur fainéantise intellectuelle. Elle est dans la rencontre, l’échange et la tolérance. Par le bon sens qu’impose l’irréversibilité de la cohabitation.


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