mardi 28 juin 2011

Qui veut asphyxier Gaza ?


« Israël a le droit d'autodéfense ». Cela a été dit par l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, qui a ajouté que l’initiative qui vise à casser l’embargo sur Gaza est une « provocation et n'a rien à voir avec une aide humanitaire ». Le Government Press Office israélien menace les journalistes qui prendront part à la mission (humanitaire) de 10 ans d’interdiction d’entrée sur le territoire, sachant que certains de ces journalistes couvrent habituellement les évènements dans cette aire géographique. Le GPO ne menace pas ces journalistes de les priver d’accréditation. On aura remarqué la nuance.

Décevant et, surtout, affamant qu’Israël considère la flottille comme une provocation, elle qui transportera des médicaments, une ambulance équipée et du ciment. Bien des ennuis auraient été évités si Israël avait considéré le piétinement de l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa, par Ariel Sharon, comme une provocation. Ce qui était le cas. Plus décevant, Ban Ki-moon a demandé aux chefs des Etats concernés de décourager leurs ressortissants volontaires et Lynn Pascoe, secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des affaires politiques, a annoncé l’opposition de l’Organisation à cette initiative humanitaire.

A cela ne tenant, la « flottille de la liberté 2 » qui devrait compter une dizaine de bateaux appareillant essentiellement depuis des ports grecs, regroupera 350 militants originaires de 22 pays, décidés à briser le blocus imposé sur Gaza depuis 5 ans maintenant, même s’ils s’attendent à être arraisonnés par l’armée israélienne. Des juifs états-uniens envisagent de rejoindre la flottille. C’est là la preuve qu’il ne faut pas stigmatiser les juifs. Beaucoup d’entre eux veulent la paix.

La première tentative de briser l’embargo, en 2010, avait fait neuf morts parmi les humanitaires, suite à l’assaut contre le navire amiral (un ferry turc) de la flottille humanitaire. L’initiative avait été un échec physique mais une victoire médiatique.

Vaguélis Pissias, de l'organisation grecque « Un bateau pour Gaza » a dit : « … notre objectif n'est pas seulement de forcer l'embargo mais de prouver aux Israéliens et aux peuples de la région qu'ils ont le droit de vivre d'une façon plus harmonieuse entre eux ». Les Israéliens dont il parle ne sont pas ceux qui soutiennent Benyamin Netanyahou. Ce sont ceux qui sont conscients de cette injustice israélienne.

Il faut rappeler que l’embargo sur Gaza a été renforcé en 2007, suite à l’arrivée du Hamas au pouvoir. A partir du moment où ce parti y est arrivé d’une façon démocratique que personne ne remet en cause, une question se pose.

L’absence de démocratie, souvent avancée comme alibi à la mainmise sur le voisin ou à sa mise sur le ban, n’est-elle pas ici contredite ?

Jusqu’à ce que Ismaïl Haniyeh parte, Netanyahou devra faire avec et négocier avec. On ne peut pas  reconnaître ou accepter un gouvernant voisin seulement quand on l’aime bien. Quant à la position du Hamas selon laquelle l’actuel territoire israélien doit être entièrement restitué aux Palestiniens, elle est en train de changer. Ce fait là, historique, additionné à la réconciliation entre Hamas et Fatah qui devrait rendre les négociations moins difficiles, est une occasion inespérée pour faire la paix durablement. A condition qu’on la veuille.

Netanyahou a oublié ce qui est arrivé à la génération qui l’a précédé dans les sinistres camps d’extermination. Le voilà sur les pas des tortionnaires de ses parents, pour asphyxier 1,5 millions de personnes, en les privant de nourriture, de médicaments, d’électricité et de carburant. Au fait, quand est-ce qu’il part, lui ?


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