vendredi 15 juillet 2011

Air Algérie : Y aurait-il du vol dans l’air ?


La grève de la compagnie nationale aérienne Air Algérie n’en finit pas de faire monter la grogne. Des centaines de passagers sont pris en otages, sans armes à feu mais avec détournement d’avions vers les hangars de garage. Les personnels navigants, stewards et hôtesses de l’air, veulent être alignés sur le statut des pilotes de ligne et une augmentation de salaires à hauteur de 106%, rien de moins. Encore heureux qu’ils n’aient pas réclamé d’être alignés sur le statut de ministre ou de président de la république en arguant que ces derniers voyagent avec la compagnie. Ce serait pas mal pour ces serveurs de limonade en verres plastiques et en altitude. Ça donne de la hauteur et de la hautaineté, encore siérait-il de garder les pieds sur terre.

Si ces personnels amélioraient leur service à bord du 1/10ème de ce qu’ils demandent, c’est-à-dire de 1,06 %, la compagnie sortirait de la liste des compagnies les plus mal accueillantes à bord.

De constat unanime, l’accueil est aussi froid que les couches d’air traversées lors des croisières, désintéressement et fautes de prononciation toutes langues confondues, en sus. Après le décollage qui n’est jamais ponctuel pour confirmer le mérite du surnom de la compagnie (Air peut-être), les bonbons et autres chewing gum déboucheurs d’oreilles, niet. Les serviettes rafraichissantes, tintin. Elles sont dans certains pilot-cases de stewards se faisant passer pour des pilotes là où ils habitent ou dans certains sacs à mains d’hôtesses avides de parfum gratuit et bon marché, témoin de leur féminin raffinement. Et n’allez pas demander un cachet d’aspirine à bord, ce serait une insulte au crédo de la compagnie et prétexte au non dit : « où est-ce qu’il se croit, celui là ? ». Rien n’est plus hilarant que ces panneaux routiers géants que l’on paye indirectement en achetant son billet d’avion et avec lesquels Air Algérie dit à ses clients : « Votre confiance nous importe ». Ca doit être un projet.

Cette compagnie avait commencé à devenir respectable à l’arrivée de la concurrente et maintenant défunte Khalifa Airways, dont le patron est en train de jouer à cache-cache avec l’administration algérienne pour nous faire croire qu’un empire a pu être bâti ex nihilo par une seule personne et en quelques années à peine, mais c’est une autre histoire.

Avec les grévistes de Air Algérie, le gouvernement reste ouvert au dialogue et c’est une bonne chose en soi. Cependant, s’il continue à céder à toutes les revendications salariales à travers le pays, même le pétrole et le gaz ne suffiront plus à équilibrer les finances de l’Etat et ne restera plus que la planche à billets, c’est-à-dire le prélude immédiat à l’inflation. Alors, où va-t-on ?

Moi, je crois qu’il serait possible de faire transporter les passagers sans stewards ni hôtesses de l’air et je parie que les passagers ne s’en apercevraient même pas. Pour avoir de l’eau minérale à bord, ces derniers n’auraient qu’à en acheter au sol avant d’embarquer. Là, les altiers serveurs et serveuses comprendraient qu’ils ne servent à rien et accepteraient peut-être de reprendre le travail en touchant le SMIG, ce qui serait déjà pas mal au regard du standing de leur prestation.

Le culot affiché sans honte et chiffré par les syndiquées demandes estomaque. Comme synonyme ou complément au « chantage », il est inévitable de penser au « vol ». Et même s’il n’y a pas de vols, il y a du vol dans l’air.

 

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