lundi 4 juillet 2011

Un air de vacance


La ville de Paris a inauguré, le 30 juin passé, au 14ème arrondissement, une place rebaptisée Mohamed Bouazizi. Du nom du jeune Tunisien qui s’était immolé le 17 décembre 2010, donnant le coup d’envoi de la révolution tunisienne et arabe. Le fait que Bertrand Delanoë, maire de Paris, soit né en Tunisie n’explique pas l’initiative. On a compris que la France multiplie les actions afin de rattraper ses erreurs diplomatiques vis-à-vis de la Tunisie. Le bon côté de la chose est qu’il y tentative de rattrapage et qu’elle veut dire que la diplomatie française a compris qu’il n’est jamais trop tard et qu’un nouveau type de rapports est possible. Le Conseil de Paris l’a également compris et a voté la décision de baptême, à l’unanimité de ses membres, dès le 8 février passé.

En cette même période, les Algériens oublient presque les vacances. La Tunisie ne les attire pas trop en ce moment, à cause des rumeurs, fondées ou non, sur l’insécurité.

Se rabattre sur les plages algériennes est une des deux solutions généralement envisagées, avec celle de rester chez soi. Mais, à propos de ces plages algériennes, avons-nous suffisamment de lieux d’hébergement pour les estivants ? Non, bien sûr. Reste la location chez des particuliers, qui proposent souvent des maisons en chantier ou des taudis en guise de chambres d’hôtes pour lesquels les vacanciers paient le prix fort, indirectement haussé par la situation en Tunisie. Handicapés par le manque criant en hôtels balnéaires ou par la cherté et harcelés par leurs enfants, beaucoup d’Algériens opteront pour les escapades d’une journée, pour redécouvrir que les aménagements censés les accueillir sont très en deçà des besoins.

La vacance est perçue en tout. Dans les administrations où une partie des fonctionnaires est en congé, donnant la vague impression qu’elle se désintéresse de ce qui se passe dans le pays. Vague et fausse impression car les congés veulent simplement dire que la vie continue. La vacance est également perçue dans le travail de la Commission Bensalah qui prépare les réformes algériennes. Ces périodes n’inspirent pas trop confiance car elles donnent l’impression d’être exploitées pour leur caractère de vacance, justement. C’est-à-dire pour le fait qu’il y ait moins de monde pour suivre l’actualité. Dieu sait ce que ces réformes réservent et j’espère qu’il y aura du bon même si je ne crois pas au tout bon. De toutes les façons, le tout bon serait trop brutal pour être réaliste.

En attendant la rentrée sociale de cette année, restons chez soi, allons à la plage ou ailleurs mais disons-nous qu’aménagements et paysages ne valent pas grand-chose si n’en prenons pas soin.

Ce serait pas mal si les estivants se rasaient au moins un jour sur deux et faisaient un effort pour harmoniser les couleurs de ce qu’ils portent. Et je ne parle pas de ces pantacourts qui donnent l’impression que leurs porteurs se sont arrêtés entre deux âges. Un pantacourt ne doit pas ressembler à la culotte de Blanchard, c’est-à-dire à un pantalon écourté aux ciseaux. Il doit se porter large, presque comme un pantalon pirate. Et puis, heureusement que la miniaturisation est arrivée. Sinon, les baigneurs auraient encore droit au passage de groupes de jeunes hommes portant un poste-cassette de 80 cm de long et diffusant, à tue-tête, de la musique hindoue, ou du raï, maintenant. Passe pour ceux qui se mettent à la gonflette (culturisme) à chaque printemps pour aller acheter ensuite T-shirts et débardeurs en dessous de leurs tailles habituelles, en prévision de leur départ pour la plage. Le must serait de ne pas lancer de gros mots devant tout le monde et que les dragueurs ne transpercent pas les femmes de leurs regards de loups affamés en présence de leurs maris ou de leurs pères.

En attendant ça, une attitude simple : ne prenons pas nos villes et nos plages pour des poubelles. Les ordures laissées par les baigneurs de la veille sont celles qui répugnent les baigneurs d’aujourd’hui. Et ainsi de suite.

Je sais que la tendance habituelle est plutôt au contraire. Considérons, alors, que cette prise de conscience serait une révolution dans son genre. Le genre de révolution qui est tellement petit qu’il en devient efficace, comme le sont les petites choses qui ne nécessitent pas de grands moyens et qui sont visibles tout de suite et au quotidien. Pour celles-là, immolation et commission ne sont pas nécessaires.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire