vendredi 22 juillet 2011

Ramadan, un sacré mois pour faire le plein


Le ramadan approche, il devrait commencer le 1er août 2011 (1432 de l’hégire). Je dis « devrait » car on ne sait jamais, des fois qu’un pays musulman entamerait son jeûne avant ou après. Quand je vois l’incapacité des pays musulmans à parler d’une seule voix, ne serait ce que pour l’annonce officielle du début du ramadan, je ris lorsque je les entends parler d’unité. Bon, je vais prendre cela pour une blague, comme on en aime tout spécialement durant ce mois de carême.

Dès qu’on parle de ramadan, on pense aux bonnes actions. Rien de plus normal. Justement, sur Yahoo-questions, on a posé une question en relation avec le sujet de cet article : Pourquoi les restos du cœur n’ouvrent-ils que pendant le ramadan dans les pays arabes ? J’ai répondu sur Yahoo puis j’ai repris la question et je l’ai postée sur ma page Facebook. Peu de réponses, en nombre inversement proportionnel au malaise.

Dans un article précédent, j’avais brièvement parlé des 3 types d’adorateurs de Dieu : ceux qui l’adorent pour bénéficier du Paradis, ceux qui l’adorent pour échapper aux enfers et, enfin, ceux qui l’adorent pour lui-même. Dans le cas de ce que cet internaute appelle « les restos du cœur dans les pays arabes », les généreux, qui sont à remercier, sautent sur cette occasion pour faire une aumône absolutrice pour les 11 mois restants de l’année. Un imam constantinois a interpellé plusieurs fidèles qui font le grand pèlerinage à La Mecque chaque année ou presque : « Pourquoi n’aideriez vous pas des pauvres, en leur finançant des micro entreprises ou en leur achetant des véhicules pour qu’ils deviennent taxieurs, par exemple ?».

Il faut que les musulmans sachent que le fait d’avoir le ventre vide n’agrandira pas le royaume de Dieu, ce qui ne veut pas dire qu’il faut arrêter de jeûner. Lorsqu’on jeûne, on jeûne pour soi. Lorsqu’on aide un autre à s’en sortir, on contribue à son bonheur, on permet à toute une famille de subvenir à ses besoins, on réduit le chômage et la délinquance. Que rêver de mieux ?

Parlons aussi de cette habitude de la hausse des prix. Sur ce registre, deux observations.

Une : La hausse des prix durant le ramadan obéit aussi à une règle classique, celle de l’offre et de la demande. De fait, beaucoup de jeûneurs se permettent plus de consommation, voire d’excès, pendant ce mois. D’où hausse relative des prix. En même temps, ces reflexes d’augmentation de la consommation ou d’amélioration de sa qualité indiquent une tendance à céder à ses envies, ce qui est en soi un tantinet contradictoire avec le principe de privation volontaire.

Deux : Le facteur mercantiliste joue également, plus que le premier, même. Pour preuve, depuis quelques années, les produits sont de plus en plus disponibles en Algérie, à prix accessibles ou non. Les Algériens achètent donc moins à l’avance et stockent moins. Or, le ramadan n’est pas commencé que les prix s’envolent. Ces commerçants Algériens n’y allant pas avec le dos de la cuillère, les hausses sont rarement de moins de 30%. Il parait que ça s’appelle « Le mois de la miséricorde ». Si c’est ça, la miséricorde !

Comme chaque année, ramadan sera l’occasion de faire le plein, de bonnes actions ou de dinars. Aujourd’hui, beaucoup de musulmans n’ont de lien à leur religion que leur localisation géographique. A force de limiter l’islam à sa liturgie, autrement appliquée sans intelligence, ils risquent de n’être que des chiffres parmi les statistiques confessionnelles mondiales et de mal représenter leur religion. Chez eux et chez les autres.

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