samedi 2 juillet 2011

Un savant fou, quoi que …


Depuis quelques semaines, John P. Holdren est dépeint par les journalistes et les internautes comme le savant fou de Obama. Pourtant, les idées de Holdren ne datent pas d’hier et le rapport Ecoscience : Population, Resources, Environment dont il est co-auteur avec Paul R. Ehrlich et Anne R. Ehrlich, date de 1978. En fait, la polémique a été relancée par Thomas L. Friedman, éditorialiste au New York Times.

Qu’est-ce que le rapport Ecoscience : Population, Resources, Environment ?

C’est un rapport global sur la situation mondiale à propos du climat, des ressources naturelles et de la population.

Ce qui préoccupe, ce n’est pas le fait que Holdren parle depuis haute chaire, il enseigne à l’université de Harvard et a reçu le prix Nobel de la Paix en 1995. C’est plutôt le fait qu’il soit vice-président du President’s Council of Advisors on Science and Technology (les conseillers scientifiques de Barack Obama) et directeur de l’Office of Science and Technology Policy (OSTP, Maison Blanche).

Ce type de rapports n’est pas nouveau. Déjà en 1975, le National Security Study Memorandum 200 rédigé sous la direction de Henry Kissinger a été adopté comme « manuel officiel » par l’administration du président Gerald Ford. Holdren rejoint le mémorandum Kissinger sur le « fait » que les futurs problèmes du monde seront dus à la diminution des ressources naturelles en même temps qu’à la surpopulation mais il constate son échec (de Kissinger), quant à la mise en pratique de ses recommandations.

Pour ces stratèges, l’équation de base est simple : Les ressources naturelles doivent être proportionnellement suffisantes pour la population mondiale. Lorsque les ressources diminuent, la population doit diminuer. D’ailleurs, Holdren la fixe idéalement à 1 milliard de personnes. La vision va plus loin et dit que : à problème (surpopulation) mondial, solution mondiale. Holdren préconise donc un « régime mondial » qu’il faut traduire par : mondialisation.

Ce genre d’études se base sur les normes de consommation états-uniennes (les plus gourmandes) et des estimations de leurs variations, généralement à la hausse. Pour les autres pays, les EU n’attendent pas que la consommation augmente pour trouver une solution et préfèrent agir en amont qu’en aval. Cependant, les prévisions ne sont pas une science exacte et certains pays comme la Chine continuent à augmenter leurs besoins en ressources naturelles et leur consommation de ces ressources, quoi qu’en pensent les EU.

Concernant le problème de la surpopulation, ceux qui ressortent le rapport Holdren, y soulignent l’eugénisme de l’auteur. Jugez-en.

Contrôle de la procréation, limitation du nombre d’enfants par couple, contrôle de la fertilité féminine, stérilisation forcée des individus, retrait des enfants aux mères-filles (mineures célibataires), avortement imposé, retrait des droits sociaux en cas de dépassement du quota d’enfants autorisés.

Le rapport Holdren propose aussi des moyens pour mettre en application ses propres recommandations : régime mondial pour imposer les quotas aux pays, « permis de reproduction » qui serait exigé pour être « autorisé » à procréer, « armée mondiale » ou « police mondiale » pour pratiquer la coercition et la répression. Mais aussi des moyens biologiques comme les « implants sous-cutanés pour contrôler la fertilité féminine » ou même des « drogues stérilisantes »  qui pourraient être « ajoutées à l’eau potable ou à la nourriture pour abaisser la fécondité de l’ensemble d’une population ».

Quand la science et la philosophie se rencontrent en une même personne, elles en font un savant. Quand un savant rencontre régulièrement (à l’OSTP) un président puissant, l’inquiétude se comprend.

Ces recommandations pourraient donner lieu à l’écriture d’un scénario pour un nouveau James Bond qui aurait à neutraliser un savant fou, prêt à exterminer 6 milliards de personnes en ayant soigneusement sélectionné ceux qui ont le droit de vivre. Le milliard d’élus n’habiterait pas sur une station orbitale mais aux EU. Mieux, un 2ème scénario dans lequel les EU seraient incapables d’imposer des quotas de procréation aux autres pays et opteraient pour les guerres, afin de diminuer la population mondiale. Non, je laisse tomber le 2ème scénario car il serait plagiaire de la réalité.

Plus sérieusement, les recommandations de Holdren ne font pas peur au regard de l’impossibilité de les imposer ou de les appliquer à la lettre, comme le montre l’échec du Sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, en 2009. Quoi que des industriels pourraient être trop militants ou assez givrés pour se prendre pour Dieu. Et si les produits chimiques qui rendent stérile ou peu fertile étaient envisagés pour certains OGM ? Je donnerais de mauvaises idées ? Impossible que les givrés n’y aient pas déjà pensé.

Je ne rejette pas toute la théorie de Malthus. La « responsabilité de procréation » pourrait être admise par tous, dans le sens où on est responsable de l’éducation et du bien être de ses enfants parce qu’on a choisi de les engendrer. Ce qui ne veut pas dire que les parents doivent être les seuls responsables. Cependant, lorsque je vois ce que donnent certains parents algériens à la société, à travers leurs enfants, je rejoins ce juriste qui m’a dit un jour que « les Algériens confondent éducation et élevage ». Je ne suggère pas de tuer les enfants ou les parents qui procréent beaucoup mais je serais pour la relance des campagnes de sensibilisation en faveur de la limitation des naissances. Avec plus de conviction mais sans répression.

Plus loin que le débat sur la mondialisation, sur les OGM, sur l’avortement et sur le terrorisme industriel ou agro-alimentaire, l’avenir de l’humanité dépendra surtout de ses propres comportements. La vigilance est requise, la solidarité est souhaitable, le sentiment de responsabilité individuelle est vital. Alors, faites peu d’enfants et dites-le leur.

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