dimanche 17 juillet 2011

Arrêtez de tirer sur ces femmes


Sihem Habchi, du mouvement Ni Putes Ni Soumises (NPNS) et porte-parole du candidat à la présidence de la république française Arnaud Montebourg, vient de cosigner un livret de 30 pages avec Roland Castro.

Si je soutiens le combat de NPNS, j’ai trouvé un peu mélangeur que le titre de Sihem Habchi, Ni voilées, ni violées, soit précédé de l’intitulé « Libérons-nous ! ». Quel que soit le sens que les deux auteurs aient voulu donner à cet intitulé, la suggestion est là, semblent insinuer que le voile est un emprisonnement. Celles qui le portent sous la contrainte, et il y en a, doivent être libérées de la contrainte. Celles qui le portent par choix, il y en a aussi, doivent être respectées dans leur choix. Je parle du voile tout court et non du voile intégral que je n’approuve pas. Sur la même lancée, toutes les femmes qui ne portent pas le voile ne sont pas des putes comme le pensent certains intégristes et comme semble le soutenir l’incernable Alain Soral. La diversité dans la société est signe de foisonnement de modes de pensée, donc de possibilités de proposition et de production. Le jean taille-basse n’est pas plus choquant que le voile. Ce qui est choquant c’est de porter des jeans et de se dire que tous ceux qui portent des costumes sont bêtes ou vice-versa.

Je comprends les critiques de Rokhaya Diallo qui reproche à NPNS de ne pas étendre le féminisme à toutes les femmes, qu’elles soient voilées ou non, mais je trouve abjecte l’interminable campagne de matraquage dont fait l’objet NPNS. Les musulmans clercs autoproclamés, dont l’éclairée république bloque les fatwas, se prennent pour Dieu et excommunient religieusement ou dialectiquement sans se dire que eux aussi peuvent se tromper. Ceux-là mêmes qui mettent dans la tête des adolescents qu’une femme devient respectable dès qu’elle se voile même si elle est libertine. Et qu’une femme qui ne veut pas se voiler ne peut pas être respectable même si elle est bien éduquée. Un pays musulman comme l’Algérie, où le libertinage se fait dans l’espace public et essentiellement du fait de filles voilées, contredit ce postulat de banlieues.

La preuve que l’on en veut aux femmes de s’exprimer sans être derrière leur mari est que Roland Castro, co-auteur du livre à polémique, n’est pas aussi visé par les boulets rouges que l’est Sihem Habchi. Si on reproche à cette femme ses supposés dérapages, qui n’a jamais dérapé ? Si on dit qu’elle ne représente pas les musulmanes, qui les représente ? Monsieur islam n’existe pas, comme le dit l’ouvrage de Dounia Bouzar, et madame islam n’existe pas non plus. Des femmes qui restent debout face à ces « courageux » tirs groupés ne peuvent pas être résumées en 30 pages ou caricaturées en jupes d’un jour.

Sans se laisser emporter par la lucrative surmédiatisation de ceux qui dénient la différence, il faut se rappeler que la tolérance est d’accepter l’autre alors qu’il est différent. Ne l’accepter que lorsqu’il vous ressemble s’appelle le clonage social. L’alchimie des nations peut fonctionner mais elle a besoin de tous les ingrédients à la fois.

Je ne dis pas que NPNS ne se trompe jamais, je dis que les cas de contrainte de femmes, qui existent réellement, justifient de poursuivre le combat. Des erreurs seront inévitablement commises, de la part de tous, mais que chacun comprenne que seuls ne commettent pas d’erreurs ceux qui n’agissent pas. Après la perte de vitesse, inévitable pour tout mouvement, NPNS devrait se relooker. Le même combat mais avec une présentation, j’ai envie de dire, moins agressive quelle que soit la virulence des injurieux. J’ai envie de dire mais je me retiens. Lorsque je vois la violence des attaques contre ces femmes, je doute qu’on puisse garder son calme dans de pareilles circonstances. N’empêche que le mouvement devrait s’octroyer une cure de jouvence, histoire de dire que la pensée unique ne sévira pas comme elle sévit plus au Sud et que le clergé de l’islam n’est pas pour demain. Loin s’en faut.


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