samedi 2 juillet 2011

Le Rocher qu’on ébranle

Seul pays au monde à être urbanisé à 100%, Monaco a la taille d’un quartier de ville. Cela pousse sans cesse les monégasques à utiliser les toitures de leurs immeubles pour jouer au tennis et à s’étendre sur l’eau. Les écologistes disent des polders qu’ils détruisent l’écosystème. La principauté dit qu’elle n’a pas le choix.

Pourtant, malgré ses petits 1,95 km² de superficie, le Rocher continue de faire rêver. Il fait rêver les demoiselles d’être la prochaine roturière à se faire épouser par un prince, charmant si possible. Les damoiselles, de restauration de l’endogamie. Les jeunes hommes, de fortune au casino et d’Aston Martin bourrée de gadgets ISO 007. Les damoiseaux, de restauration de la monarchie. Les nostalgiques, de scènes pastel où personne ne porte de jogging avec la main au collet. Les présidents arabes, d’intronisation. Pas mal pour un si petit territoire, non ?

La principauté avait officiellement gagné sa place de pays producteur de rêve après le mariage du prince Rainier III avec Grace Kelly, en 1956. Un mariage princier glamour et une des plus belles histoires d’amour du XXe siècle, dit-on. Je dis : des histoires médiatisées. Car il y a aussi des histoires d’amour anonymes et celles-là aussi sont belles.

Aujourd’hui, Albert II centralise à moitié les regards, en épousant Charlene Wittstock. Il ne sera pas contre quelques lignes pour l’humaine rébellion de sa fratrie. Stéphanie, la benjamine, n’a jamais été attendue pour monter sur le trône et c’est ce qui lui a permis de s’affranchir de protocoles et de normes comportementales contraignantes. Après l’accident de voiture qui a donné la mort à sa mère en 1982, on l’a accusée d’avoir été au volant ce jour là. Peu importe qu’on fasse du mal à la fille encore en deuil, pourvu qu’on fasse tourner les rotatives. Puis on a reproché à Caroline ou à Stéphanie le showbiz, les dresseurs d’éléphants et les gardes du corps, elles qui sont princesses.

Ce qu’on leur a reproché, c’est d’avoir détruit l’image qu’on voulait garder d’elles. La monarchie n’interdit pas d’aimer. Pas tant que ça. Les admirateurs, si. En tout cas, ce ne sont pas les paparazzis qui se plaindront. Maintenant que les combats humanitaires ont pris la place des défraiements de chronique, elles ne font plus la une des magazines people. Le sujet n’intéresse pas.

Phénomène notable, la tendance chez les princesses est à la maigreur. Du point de vue d’un créateur de mode ès people, on peut comprendre la stratégie. Les princesses ont plus de fans que les mannequins et leur popularité n’est pas liée à leur âge. Par conséquent, ces dernières représenteraient mieux les maisons de couture et on en voudrait moins aux créateurs de mode d’être des empêcheurs de se nourrir.

Après les révélations sur les frasques du prince et la prétendue tentative de la fiancée de tout arrêter et de repartir vers l’Afrique du Sud, les nouveaux mariés resteront seuls face à la gestion de leur couple. Les meilleurs mariages sont ceux où il y a le moins de monde possible. Là, mari et femme ne sourient pas faussement pour faire plaisir aux invités alors que les invités sont censés leur faire plaisir. Ils sourient par bonheur de s’avoir mutuellement. Le « oui » intérieur, pas celui qu’on prononce devant un officier d’état-civil, ne se mesure pas au nombre de dents dévoilées par le sourire. Il se voit dans le regard.

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