vendredi 22 juillet 2011

Statistiques ethniques en France, oui et non


Le débat sur les statistiques ethniques est relancé en France. Il est la suite attendue au débat sur l’islam et la laïcité auquel a succédé celui sur l’immigration. Les partis d’extrême droite se frottent les mains et pensent que la légalisation éventuelle de ces statistiques et leur publication permettrait de démontrer que les chiffres avancés par ces partis ne sont pas exagérément alarmistes, comme l’exemple des 50% de RMIstes qui s’avéreraient, peut-être, des émigrés, comme l’affirment certains.

La relance est liée au déplacement de 10 Français, élus de banlieue, vers les Etats-Unis où ils ont été séduits par les statistiques ethniques que les EU utiliseraient à bon escient. L’exemple le plus cité est celui de l’« Affirmative Action », ou discrimination positive, qui aurait permis à Barack Obama de devenir président. Ces statistiques permettraient d’user de parité et de quotas afin de mieux proportionner la représentation ethnique dans l’administration et dans le monde du travail d’une manière générale. Ceux qui disent l’inutilité des statistiques ethniques arguent que si la parité pouvait être facilement mise en place, les femmes seraient plus représentées dans les institutions françaises.

La discrimination positive est une arme à double tranchant. Elle permettrait, en théorie, de donner un coup de pouce aux marginalisés afin qu’ils rattrapent le retard ou le réduisent. En même temps, elle pourrait obliger à favoriser un candidat à un poste donné alors qu’il n’est pas le meilleur. La qualité s’en ressentirait inévitablement et la prédominance de la considération sociale sur la professionnelle serait évidente. La même observation est valable pour la parité, d’ailleurs.

Pour les chiffres ethniques, la réalité contredit les détracteurs. On voit régulièrement sur les média, des intervenants user de ces chiffres. Cela a été le cas juste après les explications d’Eric Zemmour à propos du contrôle policier d’identité sur la base du faciès. Ce qui avait été qualifié de glissade, avait déclenché une marée de chiffres sur les origines des populations pénitentiaires en France. De toutes les façons, il est difficile de croire que des statistiques ethniques n’existent nulle part. Si c’est le cas, on se prive d’un outil vital pour évaluer les différentes politiques d’intégration et d’insertion, à échelle nationale, régionale ou locale.
Si un peu de discrimination positive serait utile, notamment pour favoriser certains dans des domaines qui ne demandent pas de formations particulières, en abuser serait synonyme de nivellement par le bas. Une diminution assurée de la qualité dans les recrutements.

La véritable solution, avec ou sans statistiques ethniques, est de faire comprendre à tout le monde que les sociétés évoluent. La solution n’est pas de rêver à des jours antérieurs plus blancs, elle est de construire avec ce qu’on a.


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